La dépendance aux opiacés augmente le risque de mortalité prématurée. La
thérapie de substitution des opiacés par la méthadone ou la buprenorphine
réduit le risque de mortalité, spécialement par overdose. Les directives
cliniques recommandent la méthadone comme traitement de substitution aux opioïdes
de première intention. Notre but était de tester si un traitement à base de buprenorphine
induisait un risque de mortalité plus base qu’un traitement à base de
méthadone, en comparant la mortalité toutes causes confondues et la mortalité
liée à l’overdose de médicament au cours du traitement par induction, après
passage à d’autres médicaments pendant le traitement, et après l’interruption
du traitement.
Nous avons effectué une étude rétrospective de cohorte chez tous les
patients présentant une dépendance aux opiacés (n=32 033) dans la région de
la Nouvelle Galle du Sud, Australie, qui avaient commencé un traitement à base
de méthadone ou buprenorphine à partir du 1er août 2001 jusqu’au 31
décembre 2010, incluant 190 232.6 personnes-années au suivi. Nous avons
comparé les taux bruts de mortalité (CMRs) toutes causes confondues versus mortalité par overdose de
médicament, ainsi que les ratios des taux de mortalité (MRRs) en fonction de l’âge,
du sexe, de la période de temps avec ou sans traitement, du type de médicament,
et du passage à un autre médicament au cours du traitement.
Les patients qui ont commencé leur traitement avec la buprenorphine ont
présenté une diminution de la mortalité toutes causes confondues et de la
mortalité liée au médicament au cours des 4 premières semaines de traitement,
en comparaison de ceux qui avaient commencé leur traitement avec la methadone
(MRR ajusté pour toutes causes confondues 2.17, Intervalle de Confiance [IC]
95% 1.29-3.67 ; MRR ajusté en fonction du médicament 4.88, 1.73-13.69).
Pour la période de temps restant à passer sous traitement, le risque de
mortalité due au médicament n’a pas montré de différence (MRR ajusté 1.18, IC
95% 0.89-1.56), mais de ténus éléments de preuve ont suggéré que la mortalité
toutes causes confondues était plus basse sous buprenorphine que sous méthadone
(1.66, 1.40-1.96). Dans les 4 semaines suivant l’interruption du traitement, la
mortalité toutes causes confondues est restée constante, toutefois, la
mortalité due au médicament s’est révélée plus faible (MRR ajusté pour toutes
causes 1.12, 0.79-1.59 ; MRR ajusté en fonction du médicament 0.50,
0.29-0.86). Les patients étant passés de la buprenorphine à la méthadone
pendant le traitement ont présenté une mortalité plus basse au cours des 4
semaines sous méthadone que les contrôles appariés qui n’avaient reçu que de la
méthadone (différence en CMR : 7.1 pour 1000 personnes-années, IC 95%
0.1-14.0) ; aucune différence de mortalité n’a été montrée entre les
passages de la buprenorphine à la méthadone et les passages à de méthadone à buprenorphine, au-delà
des 4 premières semaines de traitement.
Dans un cadre avec risque de mortalité élevé au cours des 4 premières
semaines de thérapie de substitution des opiacés, la buprenorphine semblait
réduire la mortalité au cours de cette période, toutefois, peu de différence
entre buprenorphine et méthadone n’a été notée par la suite, ou pour ce qui est
des passages à un autre médicament pendant le traitement. La corroboration de
nos résultats avec d’autres cohortes, de
même que la poursuite d’évaluations du modèle de traitement par étapes est
recommandée. Dr Jo Kimber, PhD, et al, dans The Lancet Psychiatry, publication
en ligne en avant-première, 15 septembre 2015
Financement : Australian
National Health et Medical Research Council
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