Les contributions relatives de la fonction β-cellulaire et de la
sensibilité à l’insuline dans la pathogénèse du diabète de type 2 ne sont pas
totalement comprises. Nous avons poursuivi des investigations pour ce qui est
des changements longitudinaux de la fonction β-cellulaire et de la
sensibilité à l’insuline dans le développement du diabète, et le rôle des
variations génétiques dans l’installation de l’intolérance au glucose.
Nous avons suivi 4106 participants présentant une tolérance normale
au glucose (NGT) de l’Étude Coréenne sur le Génome et l'Épidémiologie, les
soumettant à des tests de tolérance orale au glucose tous les deux ans pendant
10 ans. Nous avons estimé la fonction β-cellulaire à l’aide de l’index
insulinique sur 60 minutes (IGI60), et la sensibilité à l’insuline à
l’aide de l’indice composite Matsuda de sensibilité à l’insuline (ISI). Nous
avons poursuivi les investigations sur l'association entre 66 types connus de variations
génétiques et les risques de prédiabète et de diabète, et d'altération de la fonction β-cellulaire et de sensibilité à l’insuline.
Au cours des 10 années de suivi, 1093 (27%) des 4106 participants
ont développé un prédiabète et 498 (12%) participants ont développé un diabète.
En comparaison avec les participants demeurant NGT, ceux d’entre eux
progressant vers un diabète présentaient un IGI60 plus bas
(données non ajustées 5.1 µU/mmol [Intervalle de Confiance -IC- 95%
0.5-56.1] versus 7.9 µU/mmol ;
p<0.0001) et une ISI plus basse
(données non ajustées 8.2 [2.6-26.0] versus
10.0 [3.2-31.6] ; p<0.0001)
à la ligne de base. Les participants normotolérants au glucose à dix ans montraient une diminution en ISI (données ajustées
10.1 [9.9-10.3] versus 7.4 [7.3-7.6] ;
p<0.0001) mais une augmentation compensatoire
de l’IGI60 (données ajustées 6.9 µU/mmol [6.5-7.2] versus 11.7 µU/mmol [11.2-12.1] ; p<0.0001) par rapport à la ligne de base.
En revanche, les participants qui développaient un diabète montraient une
diminution en ISI (données ajustées 8.4 [8.0-8.7] versus 3.0 [2.8-3.2] ; p<0.0001)
mais pas d’augmentation compensatoire significative (p=0.95) de l’IGI60. Une variation génétique proche du
gène de la glucokinase (rs4607517) était associée de manière significative avec
une progression vers un prédiabète ou un diabète (hazard ratio 1.27, 1.16-1.38 ;
p=7.70 x 10-7).
Une fonction β-cellulaire diminuée, qui pourrait être en partie
due à des facteurs génétiques, et une compensation β-cellulaire altérée lors
d’une dégradation progressive de la sensibilité à l’insuline sont des facteurs
cruciaux de détérioration de la tolérance au glucose. Jung Hun Ohn, MD, et al,
dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, publication en ligne en
avant-première, 11 novembre 2015
Financement : South Korean
Ministry of Health & Welfare.
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