L’angiogénèse est une cible dans
le traitement du cancer de l’ovaire. Le nintedanib, un inhibiteur triple de l’angiokinase
du récepteur VEGF, du récepteur du facteur de croissance dérivé des plaquettes,
et du récepteur du facteur de croissance des fibroblastes, a montré une
activité dans le cadre d’essais de phase 2 effectués dans ce contexte. Nous
avons poursuivi des investigations sur la combinaison [(nintedanib) + (chimiothérapie
standard carboplatine – paclitaxel)] chez des patientes nouvellement
diagnostiquées d’un cancer de l’ovaire avancé.
Dans cet essai de phase 3 en
double-aveugle, des patientes n’ayant pas reçu de chimiothérapie au préalable
(âgées de 18 ans ou plus) atteintes d’un cancer de l’ovaire de stade IIB-IV
selon l’échelle de la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique
(FIGO) et venant de subir une réduction chirurgicale tumorale optimale, ont été
stratifiées en fonction du statut des marges de résection, du stade FIGO de la tumeur, et de
la dose planifiée d’administration de carboplatine. Les patientes ont été réparties
de manière aléatoire (2:1) à l’aide d’un système interactif de réponse vocale
ou de réponse par internet pour recevoir six cycles de carboplatine (Aire Sous
la Courbe - AUC - 5 mg/mL par min. ou 6 mg/mL par min.) et paclitaxel (175 mg /
m2) ajoutés à soit 200 mg
de nintedanib (groupe nintedanib) ou
placebo (groupe placebo) deux fois par jour aux jours 2-21 de chaque période de
3 semaines pendant 120 semaines au maximum. Ni les patientes, ni les
investigateurs, ni les radiologues examinateurs indépendants, n’avaient accès
au tableau de randomisation. Le critère principal d’évaluation était la survie
sans progression de la maladie (…) analysée sur population de traiter. (…).
Entre le 9 décembre 2009 et le
27 juillet 2011, 1 503 patientes ont été examinées et 1 366 d’entre
elles réparties de manière aléatoire par neuf groupes d’étude dans 22 pays :
911 dans le groupe nintedanib et 455 dans le groupe placebo. 486 (53%) patientes sur 911
du groupe nintedanib ont présenté une progression de la maladie ou sont
décédées, en comparaison des 266 (58%) patientes sur 455 du groupe placebo. La
survie sans progression de la maladie était significativement plus longue dans
le groupe nintedanib que dans le groupe placebo (17. 2 mois [Intervalle de
Confiance -IC- 95% 16.6-19.9] versus
16.6 mois [13.9 – 19.1] ; hazard ratio 0.84 [IC 95% 0.72-0.98] ; p = 0.024).
Les événements indésirables les
plus communément relevés étaient gastrointestinaux (diarrhée : groupe
nintedanib 191 [21%] sur 902 de grade 3 et 72 [16%] de grade 4 [<1%] versus groupe placebo neuf [2%] sur 450,
de grade 3 seulement) et hématologiques (neutropénie : groupe nintedanib 180
[20%] de grade 3 et 200 [22%] de grade 4 versus
groupe placebo 90 [20%] de grade 3 et 72 [16%] de grade 4 ;
thrombocytopénie : 105 [12%] et 55 [6%] versus 21 [5%] et huit [2%] ; anémie : 108 [12%] et 13
[1%] versus 26 [6%] et cinq [1%]).
Des événements indésirables
graves ont été relevés chez 376 (42%) patientes sur 902 dans le groupe
nintendanib et 155 (34%) patientes sur 450 dans le groupe placebo. 29 (3%) patientes sur
902 du groupe nintedanib versus 16 (4%)
du groupe placebo patientes sont décédées en rapport avec un événement
indésirables grave; 12 (1%) du groupe nintedanib et six (1%) du groupe
placebo présentaient une néoplasie maligne en progression classée comme
événement indésirable par l’investigateur.
Des événements indésirables liés au
médicament à l’étude menant à un décès sont survenus chez trois patientes du
groupe nintedanib (une patiente décédée sans cause diagnostiquée ; une
patiente décédée du fait d’une une septicémie d’origine indépendante au
traitement, ayant pour origine diarrhée et insuffisance rénale liées au
médicament à l’étude ; et un décès dû à une péritonite) et une patiente décédée dans le groupe placebo
sans cause de décès définie.
Le nintedanib en combinaison avec
le carboplatine et le paclitaxel représente un traitement de première intention
actif, permettant une amélioration significative de la survie sans progression
de la maladie chez les femmes atteintes de cancer de l’ovaire avancé ;
toutefois, ce traitement est associé à un nombre plus élevé d’événements indésirables
gastrointestinaux. Les futures études à entreprendre devront se focaliser sur
la sélection des patientes et l’optimisation de la tolérance au traitement. Prof Andrea Du
Bois, MD, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 15
novembre 2015
Financement : Boehringer Ingelheim
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