Source: http://titan.medhyg.ch/mh/formation/art/31732.html |
L’artérite giganto-cellulaire est une maladie auto-immune des artères de moyenne et de grande dimensions, affectant principalement les personnes âgées
de plus de 50 ans. Les glucocorticoïdes représentent la référence absolue en
matière de traitement à l’heure actuelle ; ils permettent de contrôler
les complications vasculaires sévères, mais ce traitement est associé à une
morbidité et une mortalité importantes. Le tocilizumab, un anticorps monoclonal
humanisé contre le récepteur à l’interleukine-6, est associé à une induction
rapide et un maintien de la rémission chez les patients atteints d’artérite
giganto-cellulaire. Notre but était donc d’étudier l’efficacité et l’innocuité
du tocilizumab à l’occasion du premier essai clinique effectué chez des
patients atteints d’artérite giganto-cellulaire nouvellement déclarée ou
récidivante.
Dans cet essai monocentrique de phase 2, randomisé en double-aveugle et
contrôlé par placebo, nous avons recruté
des patients âgés de 50 ans et plus, soignés à l’Hôpital Universitaire de Berne
(Suisse), qui satisfaisaient aux critères de l’American College of Rheumatology
pour l’artérite giganto-cellulaire. Les patients atteints d’une pathologie nouvellement déclarée ou récidivante ont été répartis de manière aléatoire (2:1)
pour recevoir le tocilizumab (8mg/kg) ou le placebo par voie intraveineuse. 13
perfusions ont été données à 4 semaines d’intervalle jusqu’à la semaine 52. Les
deux groupes ont également reçu de la prednisolone, à une dose initiale de 1 mg/kg par jour et diminuée progressivement jusqu’à 0 mg selon un schéma standard
de réduction de dose défini dans le protocole de l’étude. La répartition des
patients dans les différents groupes de traitement a été effectuée à l’aide d’un
dispositif informatique centralisé de randomisation par blocs permutés de
trois, effectuée à l’aveugle par le dispositif de randomisation centralisé
généré par les unités d’essais cliniques. Le résultat principal de l’étude
était la proportion de patients obtenant une rémission complète à une dose de
prednisolone de 0.1 mg/kg par jour à la semaine 12. Toutes les analyses ont été
effectuées sur population en intention de traiter. (…).
Entre le 3 mars 2012 et le 9 septembre 2014, 20 patients ont été répartis
de manière aléatoire pour recevoir le tocilizumab et la prednisolone, et 10
patients pour recevoir le placebo et le glucocorticoïde ; 16 (80%) et sept
(70%) patients, respectivement, ont présenté une artérite giganto-cellulaire
nouvellement déclarée. 17 (85%) sujets sur les 20 patients du groupe
tocilizumab et quatre (40%) des dix patients du groupe placebo ont obtenu une
rémission complète à la semaine 12 (différence des risques 45%, Intervalle de
confiance -IC- 95% 11-79 ; p=0.0301).
La survie sans récidive était obtenue chez 17 (85%) patients dans le groupe
tocilizumab et chez deux (20%) patients du groupe placebo à la semaine 52
(différence des risques 65%, IC 95% 36-94 ; p=0.0010). La différence moyenne de temps de survie avant
l’interruption des corticoïdes était de 12 semaines en faveur du tocilizumab
(IC 95% 7-17 ; p<0.0001),
correspondant à une dose cumulée de prednisolone de 43 mg/kg dans le groupe
tocilizumab versus 110 mg / kg dans le groupe placebo (p=0.0005) après 52
semaines. Sept (35%) patients du groupe tocilizumab et cinq (50%) patients du
groupe placebo ont présenté des évènements indésirables graves.
Nos résultats montrent, pour la première fois dans un contexte d’essai
clinique, l’efficacité du tocilizumab dans l’induction et le maintien d’une
rémission chez des patients atteints d’artérite giganto-cellulaire. Prof Peter
M Villiger, MD, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 4 mars
2016
Financement : Roche, Université de Berne
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