L’apparition du virus Zika au sein des Amériques a coïncidé avec l’augmentation de la publication de rapports relatifs aux nouveaux-nés atteints de microcéphalie. Le 1er
février 2016, l’OMS a déclaré « urgence de santé publique de portée
internationale » le lien suspecté entre virus Zika et microcéphalie. Cette
association n’a cependant pas été précisément quantifiée pour l’instant.
Nous avons analysé de manière rétrospective les données d’une épidémie au
virus Zika survenue en Polynésie Française, qui s’est révélée être l’épidémie
la mieux documentée avant celle survenue aux Amériques. Nous avons fait usage
de données sérologiques et de surveillance, afin d’estimer la probabilité d’infection
au virus Zika au cours de chacune des semaines renseignée de l’épidémie, et
recherché les dossiers médicaux hospitaliers permettant d’identifier tous des
cas de microcéphalie survenus entre septembre 2013 et juillet 2015. Des modèles
simples d’évaluation ont été utilisés afin d’étudier les périodes de risque en
cas de grossesse, au moment où le virus Zika pourrait voir le risque de
microcéphalie augmenter et donc en estimer le risque associé.
L’épidémie du virus Zika a commencé en octobre 2013 et s’est terminée en
avril 2014; 66% (Intervalle de Confiance -IC- 95% 62-70) de la
population générale a été contaminée. Des huit cas de microcéphalie détectés au
cours des 23 mois au cours desquels l’étude a été réalisée, sept (88%) sont
survenus au cours de la période de 4 mois s’étendant du 1er mars au
10 juillet 2014. Le calendrier d’apparition de ces cas était expliqué par la
période de risque correspondant au premier trimestre de grossesse. Dans ce
modèle, la prévalence de la microcéphalie était de deux cas (IC 95% 0-8) pour
10 000 nouveaux-nés à la ligne de base, et le risque de microcéphalie
associé à une infection au virus Zika était de 95 cas (34-191) pour 10 000
femmes infectées au cours du premier trimestre de grossesse. Nous ne pouvons
exclure un risque accru de microcéphalie au cours des trimestres suivants, mais
les modèles excluant le premier trimestre n’étaient pas étayés par les données.
Nos résultats fournissent une estimation quantitative du risque de microcéphalie chez
les fœtus et nouveaux-nés, dont les mères sont infectées par le virus Zika. Dr
Simon Cauchemez, PhD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en
avant-première, 15 mars 2016
Financement : Labex-IBEID, NIH-MIDAS, AXA Research fund,
EU-PREDEMICS.
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