Mammographie montrant un cancer du sein à droite. Source iconographique et légendaire: https://fr.wikipedia.org/wiki/Cancer_du_sein |
L’adjonction de bevacizumab à une chimiothérapie standard améliore la
survie sans progression ainsi que la proportion de sujets présentant une
réponse pathologique complète dans une population de patientes atteints de
cancer du sein métastatique HER2-négatif en contexte néoadjuvant. Dans l’essai
BEVERLY-1 (UCBG-0802), notre but était d’évaluer l’adjonction de bevacizumab à
une chimiothérapie néoadjuvante et adjuvante dans le traitement de patients
atteints de cancer inflammatoire du sein HER2-négatif.
Nous avons réalisé cet essai de phase 2, à simple bras dans 20 hôpitaux
situés en France. Nous avons recruté des femmes âgées de 18 ans ou plus
atteintes de cancer du sein inflammatoire non-métastasé HER2-négatif. Les patientes
ont subi des cycles de traitements de 3 semaines, recevant du fluorouracil
néoadjuvant par voie intraveineuse (500 mg/m2), épirubicine (100
mg/m2), cyclophosphamide (500 mg/m2), et bevacizumab (15
mg/kg) au cours des cycles de 1 à 4, puis docetaxel (100 mg/m2) et
bevacizumab au cours des cycles 5-8. 2-4 semaines après chirurgie, les patientes
ont reçu une radiothérapie adjuvante, une thérapie hormonale (si elles étaient
porteuses d’une tumeur positive aux hormones), ainsi que du bevacizumab par
voie intraveineuse en adjuvant.
Le critère principal d’évaluation de l’étude était le taux de bénéfice
clinique matérialisé par une réponse pathologique complète au niveau du sein et
des ganglions lymphatiques axillaires après traitement néoadjuvant, détermination
après examen centralisé selon la classification de Sataloff, et évaluation sur
la population en intention de traiter. L’essai est maintenant complet et le
suivi est toujours en cours. (…).
Entre le 16 janvier 2006 et le 8 septembre 2010, nous avons recruté 101
patientes, dont une a retiré son consentement avant traitement, ce sont ainsi
100 patientes sur lesquelles a été effectué l’analyse d’évaluation du critère
principal d’efficacité. Après thérapie néoadjuvante, 19 (19% [Intervalle de
Confiance -IC- 95% 12-28] ; p=0.16)
patientes sur 100 ont présenté une réponse pathologique complète selon notre
examen centralisé. Les évènements indésirables de grade 3-4 les plus fréquents
au cours de la phase néoadjuvante étaient neutropénie (89 [89%] patientes sur
100), neutropénie fébrile (37 [37%]), mucosité (23 [23%]) ; et pendant la
phase adjuvante, les évènements indésirables de grade 3-4 les plus fréquents
étaient protéinurie (5 [7%] patients sur 75). Une patiente (1%) est décédée d’une
microangiopathie thrombotique après le cycle 1, vraisemblablement liée au
bevacizumab. Deux patientes (3%) ont développé une insuffisance cardiaque
transitoire. 48 (48%) patientes ont présenté des évènements indésirables graves,
dont le plus fréquent était neutropénie fébrile (28 [28%]).
Nos résultats suggèrent que l’adjonction de bevacizumab à la chimiothérapie
néoadjuvante et adjuvante n’apporte pas de bénéfice significatif chez les
patientes atteintes de cancer du sein inflammatoire HER2-négatif non métastasé.
Une durée de suivi plus longue et des études de corrélation permettant l’identification
des patientes pouvant tirer bénéfice du bevacizumab sont nécessaires. Prof
François Bertucci MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en
avant-première, 28 March 2016
Financement : Roche, La Ligue Nationale contre
la Cancer, UNICANCER, et Chugai Pharma.
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