La pression artérielle cible « optimale » dans l’hypertension est
encore et toujours objet de débat, spécialement dans la maladie artérielle
coronaire, du fait des questionnements toujours en cours concernant la
réduction de la perfusion myocardique en cas de pression artérielle diastolique
trop basse. Notre but était d’étudier l’association entre les pressions
artérielles obtenues et les résultats cardiovasculaires chez les patients
atteints de maladie artérielle coronarienne et d’hypertension.
Nous avons analysé les données de 22 672 patients atteints d’une
maladie artérielle coronarienne stable recrutés
(du 26 novembre 2009 au 30 juin 2010) à partir du registre CLARIFY (rassemblant
des patients originaires de 45 pays) et traités pour hypertension. Les
pressions artérielles systoliques et diastoliques moyennes ont été calculées
avant chaque évènement et classées selon la dizaine de mm de mercure (Hg)
atteinte. Le critère d’évaluation principal était la résultante des évènements
relevés ; à savoir morts cardiovasculaires, infarctus du myocarde, ou AVC.
Les Hazard Ratios (HR) ont été estimés à l’aide ‘un modèle multivarié de (méthode
des risques proportionnels de Cox), utilisant les sous-groupes de pression
artérielle systolique située entre 120 et 129 mm Hg et de pression artérielle
diastolique située entre 70 et 79 mm Hg comme référence.
Après une durée médiane de suivi de 5.0 ans, une pression artérielle s’élevant
à 140 mm Hg et au – delà, ainsi qu’une pression
artérielle systolique s’élevant à 80 mm Hg et au – delà étaient associées à un
risque augmenté d’évènements cardiovasculaires. Une pression artérielle
systolique inférieure à 120 mm Hg était aussi associée à un risque augmenté d’évènements
liés au critère d’évaluation principal (HR ajusté 1.56, Intervalle de Confiance
[IC] 95% 1.36-1.81). De la même façon, une pression artérielle diastolique
inférieure à 70 mm Hg était associée à une augmentation d’évènements liés au
critère d’évaluation principal (HR ajusté 1.41 [1.24-1.61] pour une pression
artérielle diastolique de 60-69 mm Hg et 2.01 [1.50-2.70] pour une pression
artérielle diastolique inférieure à 60 mm Hg).
Chez des patients atteints d’hypertension et de maladie artérielle
coronarienne suivis en pratique clinique de routine, une pression artérielle
systolique inférieure à 120 mm Hg et une pression artérielle diastolique
inférieure à 70 mm Hg étaient associées à des évènements cardiovasculaires
incluant mortalité, soutenant ce faisant l’existence d’un effet en courbe J. Ce
résultat suggère que les traitements visant à baisser la pression artérielle
devraient être administrés avec les précautions qui s’imposent, chez les
patients atteints de maladie artérielle coronarienne pratique clinique courante.
Emmanuelle Vidal-Petiot MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en
avant-première, 30 août 2016
Financement : Servier
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