Carcinome hépatocellulaire. Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hepatocellular_carcinoma_1.jpg |
Il n’existe
actuellement pas de traitement systémique destiné aux patients atteints de
carcinome hépatocellulaire (CHC), dont la maladie a progressé sous traitement
sorafenib. Notre but était d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du regorafenib
chez des patients atteints de CHC dont la maladie a progressé sous traitement
regorafenib.
Dans cet
essai de phase 3 en groupes parallèles, randomisé en double-aveugle, effectué
dans 152 sites situés dans 21 pays, des adultes atteints de CHC tolérants au
sorafenib (≥400 mg/jour pendant au moins 20 jours sur les 28 jours de traitement), dont
la maladie a progressé sous sorafenib, et présentant une insuffisance hépatique
(Child-Pugh A), ont été recrutés.
Les
patients ont été répartis dans les groupes de manière aléatoire (2:1) à l’aide
d’une séquence de randomisation générée par ordinateur et un système de réponse
vocale interactif, et stratifiés par région géographique, statut de rendement ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group), invasion
macrovasculaire, maladie extrahépatique, et niveau de α-fetoprotein pour recevoir les meilleurs
soins de soutien + regorafenib 160 mg ou le placebo une fois par jour au cours
des semaines 1-3 de chaque cycle de 4 semaines. Ni les investigateurs, ni les
patients, ni le sponsor n’avaient accès au tableau de randomisation. Le critère
principal d’évalutation de l’essai était la survie globale (définie comme la
période écoulée entre la randomisation et le décès, quelle qu’en soit la cause)
et analysée sur population en intention de traiter.
Entre le 14 mai 2013 et le 31 décembre 2015, 843 patients
ont été dépistés ; 573 d’entre eux ont été recrutés et randomisés (379 « assignés
regorafenib » et 194 « assignés placebo » ; constituant ce
faisant la population analysées pour l’efficacité), et 567 ont commencé à prendre
leur traitement (374 ont reçu le regorafenib et 194 ont reçu le placebo = population pour analyse d’efficacité).
Le regorafenib a amélioré la survie globale avec un hazard ratio de 0.63
(Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.50-0.79 ; valeur de p unilatérale <0.0001) ; la médiane de survie
était de 10.6 mois (IC 95% 9.1-12.1) pour le regorafenib versus 7.8 mois
(6.3-8.8) pour le placebo.
Des évènements indésirables étaient rapportés chez
tous les patients recevant le regorafenib (374 [100%] sur 374) et chez 179
(93%) patients sur 193 recevant le placebo.
Les évènements indésirables de grade 3 ou 4 les plus intéressants sur
le plan clinique, dus au traitement, étaient hypertension (57 patients [15 %]
dans le groupe regorafenib versus neuf [5 %] dans le groupe placebo),
syndrome pied-main (47 patients [13 %] versus
un [1%]), fatigue (34 patients [9%] versus
neuf patients [5%]), et diarrhée (12 patients [3%] versus aucun patient).
Sur les 88 décès décomptés (évènements
indésirables de grade 5) rapportés au cours de cette étude, (50 patients [13%]
assignés au regorafenib et 38 [20%] assignés au placebo), sept (2%) étaient
imputables au médicament à l’étude dans le groupe regorafenib et deux (1%) dans
le groupe placebo, y compris deux patients (1%) présentant une insuffisance
hépatique dans le groupe placebo.
Le regorafenib est le seul traitement systémique ayant
apporté un bénéfice de survie chez les patients atteints de CHC, dont la
maladie progressait sous traitement sorafenib. De futurs essais sont à indiquer
pour l’exploration des combinaisons du regorafenib avec d’autres agents
systémiques et traitements de troisième intention pour les patients ayant eu un
échec avec un traitement précédent ou ne tolérant pas le passage d’un
traitement sorafenib à un traitement regorafenib. Dr Jordi Bruix, MD, et al,
dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 5 décembre 2016
Financement :
Bayer
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