Paludisme à Plasmodium falciparum. x1000 Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Plasmodium_falciparum_malaria,_1000x.jpg |
Des
évidences suggèrent que les mutations PfKelch13 qui confèrent une résistance à
l’artémisinine dans le paludisme à falciparum ont des origines multiples et
indépendantes à travers la sous-région Bassin du Mekong ; motivant la mise
en œuvre d’un programme régional d’éradication du paludisme. Notre but était de
faire usage du génotypage moléculaire afin d’étudier la résistance par pression
sélective aux médicaments antipaludéens et sa propagation dans la sous région
Bassin du Mekong.
Dans
cette étude observationnelle, nous avons testé des isolats de Plasmodium falciparum provenant de Birmanie, du nord-est de la
Thaïlande, du sud du Laos, et de l’ouest
du Cambodge porteurs des mutations PfKelch13 et de la forme amplifiée du gène Pfplasmepsin2
(indiquant une résistance à la piperaquine). Nous avons collecté des
échantillons de taches de sang chez les patients chez qui un paludisme à
falciparum non compliqué avait été confirmé par microscopie ou test rapide.
Nous avons étudié la parenté génétique à l’aide de la technique de génotypage par
microsatellite.
Dans le
cadre des études d’épidémiologie du paludisme résistant à l’artémisinine, nous
avons collecté 434 isolats entre le 1er janvier 2008 et le 31
décembre 2015. En 2014-2015, une lignée à haplotype unique à séquence longue PfKelch13 C580Y (de -50 à +31.5 kb), apparue
à l’ouest du Cambodge en 2008, était détectée dans 65 isolats sur les 88 du
nord-est de la Thaïlande, 86 isolats sur les 111 du sud du Laos, et la totalité
des 14 isolats de l’ouest du Cambodge, montrant ainsi une forte sélection
transnationale. L’amplification de Pfplasmepsin2 est survenue seulement dans
cette lignée, et, dès 2015 ces parasites étroitement reliés se retrouvaient
chez 10 isolats sur les 14 prélevés au Cambodge et la totalité des 15 isolats
prélevés dans le nord-est de la Thaïlande. Les parasites mutés C580Y de Birmanie
présentaient une origine génétique différente.
Nos
résultats suggèrent que la lignée dominante P
falciparum C580Y prend probablement naissance dans l’ouest du Cambodge
pour se propager ensuite Thaïlande et au Laos, exerçant une concurrence sur d’autres
parasites et développant une résistance
à la piperaquine. L’apparition et la propagation de lignées de P falciparum saines, résistantes à l’artémisinine,
acquérant par la suite une résistante au médicament associé dans la sous-région
du Mékong, représente une menace sur le contrôle du paludisme et sur les
objectifs d’éradication au niveau régional. L’élimination du paludisme à falciparum
de cette région devrait passer à la vitesse supérieure, alors qu’il existe, de
fait, des médicaments antipaludéens efficaces. Dr Mallika Imwong, PhD, et al,
dans The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne en avant-première, 1er
février 2017
Financement :
Wellcome Trust et Fondation Bill et Melinda Gates
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