Le
lymphome de Hodgkin à un stade avancé représente un groupe de patients
hétérogènes, à différents profils de risques. Ces données suggèrent qu’un
examen intermédiaire par TEP au cours de la chimiothérapie est supérieur à l’évaluation du score IPSS (International
Prognostic Scoring System) à la ligne de base en termes de prédiction du
résultat d’un traitement à long terme, chez les patients atteints d’un lymphome
de Hodgkin. Nous avons donc émis l’hypothèse qu’une imagerie TEP intermédiaire
précoce, effectuée après deux cycles de bléomycine, étoposide, doxorubicine,
cyclophosphamide, vincristine, procarbazine, et prednisone (BEACOPP) pourrait
être appropriée pour guider le traitement chez les patients atteints de
lymphome de Hodgkin à un stade avancé. Notre but était d’évaluer si l’intensification
de la chimiothérapie standard (BEACOPPaugmentation des doses) par ajout de rituximab était de nature à améliorer la survie sans progression
chez les patients TEP-positifs après deux cycles de chimiothérapie.
Dans
cette étude internationale ouverte randomisée de phase 3, nous avons recruté
des patients âgés de 18 ans à 60 ans ayant nouvellement reçu le diagnostic de
lymphome de Hodgkin avancé, admis dans 160 hôpitaux et 77 cliniques privées situés
en Allemagne, Suisse, Autriche, Pays-Bas et République Tchèque. Un examen intermédiaire
d’imagerie par TEP était réalisé après deux cycles de BEACOPPaugmentation des doses et analysé « centralement » par un comité d’experts.
Les
patients TEP-positifs après deux cycles de chimiothérapie BEACOPPaugmentation
des doses (PET-2) étaient répartis de manière aléatoire (1:1) pour
recevoir six cycles supplémentaires de traitement, à savoir BEACOPPaugmentation
des doses (Groupe BEACOPPaugmentation des doses) ou BEACOPPaugmentation des doses
plus rituximab (Groupe R-BEACOPPaugmentation des doses). La PET-2 était
effectuée à l’aide de la technique de captation du 18FDG avec
évaluation sur une échelle à 5 points, et définie comme positive [patient
TEP-positif] si ladite captation de 18FDG était plus élevée que dans
le sang médiastinal (correspondant au niveau 3 de l’échelle de Deauville). Le BEACOPPaugmentation
des doses a été administré comme précédemment décrit ; et le
rituximab a été administré par voie intraveineuse à raison de 375 mg/m2
(dose maximale 700 mg), la première administration commençant 24 h avant le début
du quatrième cycle de BEACOPPaugmentation des doses (jour 0 et jour 3
du cycle 4, jour 1 des cycles 5 à 8). La randomisation était effectuée par une
méthode de minimisation centralisée, stratifiée selon le centre, l’âge, le
stade de la maladie, le score de pronostic, et le sexe. Le critère principal d’efficacité
était la survie sans progression à 5 ans, analysée sur la population en intention
de traiter. (…).
Entre le
14 mai 2008 et le 31 mai 2011, nous avons recruté 1 100 patients. 440
patients étaient TEP-2-positifs et ont été répartis de manière aléatoire dans
le groupe BEACOPPaugmentation des doses (n=220) ou dans le groupe R-BEACOPPaugmentation
des doses (n=220). Avec une durée médiane de suivi de 33 mois (Intervalle
Interquartile [IQR] 25-42), la
survie sans progression estimée était, à 3 ans, de 91.4% (Intervalle de
Confiance [IC] 95% 87.0-95.7) chez les patients du groupe BEACOPPaugmentation des doses et de
93.0% (IC 95% 89.4-96.6) chez les patients du groupe R-BEACOPPaugmentation des doses (différence 1.6%, IC 95% de -4.0 à 7.3 ; valeur p du test logarithmique
par rangs = 0.99).
Les
événements indésirables de grade 3-4 les plus fréquents étaient leucopénie (207
[95%] patients sur 218 dans le groupe BEACOPPaugmentation des doses
versus 211 [96%] patients sur 220 dans le groupe R-BEACOPPaugmentation des doses),
et infections sévères (51 [23%] versus 43 [20%] patients). Sur la base d’une
analyse de futilité, le comité de surveillance des données a recommandé la
publication de cette seconde analyse intermédiaire comme résultats final de l’étude.
Six (3%) patients sur 219 du groupe BEACOPPaugmentation des doses et
dix (5%) patients sur 220 du groupe R-BEACOPPaugmentation des doses
sont décédés ; des effets toxiques létaux liés au traitement survinrent
chez un (<1%) patient du groupe BEACOPPagmentation de doses et
trois (1%) dans le groupe R-BEACOPPaugmentation des doses, tous ces
décès étant dus à des infections.
L’ajout du rituximab au BEACOPPaugmentation
des doses n’a pas amélioré la survie sans progression chez les patients atteints
d’un lymphome de Hodgkin à un stade avancé TEP-2 positifs. Cependant, la survie
sans progression TEP-2 positifs était nettement meilleure que ce à quoi on
pouvait s’attendre, dépassant même le score de survie sans progression obtenu
chez les patients TEP-2 positifs non sélectionnés de l’essai précédent HD15.
Ainsi, TEP-2 ne peut identifier les patients à haut risque d’échec de
traitement dans le contexte du très efficace traitement standard de la maladie
de Hodgkin à un stade avancé du Groupe Allemand d’Étude Hodgkin. Prof Peter
Borchmann, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en
avant-première, 21 février 2017
Financement :
Deutsche Krebshilfe; Swiss
State Secretariat for Education, Research and Innovation (SERI); et Roche
Pharma.
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