Une
nouvelle classification des biomarqueurs impliqués dans la recherche sur la
maladie d’Alzheimer et sur le vieillissement cognitif est basée sur le
regroupement des marqueurs en trois catégories: dépôts amyloïdes (A),
tauopathie (T), et neurodégénérescence ou lésions neuronales (N). Dichotomiser ces
biomarqueurs en les étiquetant comme normaux ou anormaux a résulté en un
profilage des sujets en huit catégories. Nous avons déterminé les
caractéristiques cliniques et la prévalence de chaque profil ATN chez des
sujets exempts de troubles cognitifs, âgés de 50 ans et plus.
Tous les
participants étaient en consultation dans le cadre de l’Étude du Vieillissement
de la Clinique Mayo (Mayo Clinic Study of Aging dans le texte), étude basée sur la population faisant usage d’archives
médicales et de bases de données pour la comptabilisation de toutes les
personnes âgées de 50 ans à 89 ans domiciliées dans le canton d’Olmsted, Minnesota,
aux États-Unis d’Amérique.
Les participants potentiels étaient sélectionnés de
manière aléatoire, stratifiés selon l’âge et le sexe et étaient invités à
participer aux évaluations cognitives ; les sujets sans contre-indications
médicales étaient invités à participer aux études d’imagerie du cerveau.
Tout
participant qui était défini cliniquement comme exempt de trouble cognitif et qui avait subi un examen d’imagerie multimodale entre le 11 octobre 2006 et le 5 octobre
2016, était inclus dans la présente étude.
Les participants
étaient classés de la manière suivante: dépôts amyloïdes normaux (A-) ou
anormaux (A+) selon l’imagerie par tomographie d’émission de positions (TEP)
amyloïde, protéine tau (tauopathie) normale (T-) ou anormale (T+) à l’aide de
la TEP tau, neurodégénérescence ou lésions neuronales normale(s) (N-) ou
anormale(s) (N+) par mesure de l’épaisseur corticale par IRM.
Nous
avons utilisé des valeurs de référence de taux de captation (SUVR pour Standard
Uptake Value Ratio dans le texte) de
1.42 (19ème centile) pour la TEP amyloïde, de 1.23 de SUVR pour la
TEP tau, et de 2.67 mm pour l’épaisseur corticale mesurée par IRM. Les
prévalences spécifiques de l’âge et spécifique du sexe étaient déterminées à l’aide
de modèles multimodaux combinant les données de 435 sujets chez lesquels des
mesures de TEP amyloïde, TEP tau et IRM étaient disponibles, et 1 113 sujets
ayant été soumis à des TEP amyloïde, IRM, mais pas à une TEP tau.
Le
nombre de participants dans chaque groupe de profilage étaient de 165 A-T-N-,
35 A-T-N+, 19 A-T+N+, 44 A+T-N-, 25 A+T+N- et 49 A+T+N+. La moyenne d'âge était différente selon les groupes ATN (p<0.0001),
s’échelonnant entre des médianes de 58 ans (Intervalle Interquartile [IQR]
55-64) chez les A-T-N- et de 57 ans (54-64) chez les A-T+N- et des médianes de 80
ans (75-84) chez les A+T-N+ et de 79 ans (73-87) chez les A+T-N+ et 79 ans (73-87)
chez les A+T+N+. Le nombre de porteurs du variant à haut risque APOE-ɛ4
du gène APOE était différent
selon le groupe ATN (p=0.04) ;
le sujets présentant le variant APOE-ɛ4 se retrouvant deux fois plus
fréquemment dans chaque groupe A+ versus le groupe correpondant A-. Le volume d’hyperintensité
de la substance blanche (p<0.0001)
et la performance cognitive (p<0.0001)
a également différé selon les groupes ATN.
La TEP
tau ainsi que les biomarqueurs de neurodégénérescence étaient discordants chez
la plupart des sujets pouvant classés comme stade 2 ou stade 3 de maladie d’Alzheimer
préclinique (A+T+N-, A+T-N+, et A+T+N+ ; 86% à l’âge de 65 ans et 51% à l’âge
de 80 ans) ou présentant une suspicion de pathophysiologie non-Alzheimer (A-T+N-,
A-T-N+, et A-T+N+ ; 92% à l’âge de 65 ans et 78% à l’âge de 80 ans). À
partir de l’âge de 50 ans, la prévalence A-T-N- était en diminution et les
prévalences A+T+N+ et A-T+N+ étaient en augmentation. À la fois chez les hommes
et chez les femmes, c’est le profil A-T-N- qui présentait la plus forte
prévalence, jusqu’à l’âge de 70 ans. Après l’âge de 80 ans environ, c’est le
profil A+T+N+ qui présentait la plus forte prévalence. Arrivés à l’âge de 85
ans, plus de 90% des hommes et des femmes présentaient des anomalies d’un ou
plusieurs biomarqueurs.
Les
biomarqueurs de dépôts fibrillaires tau peuvent être inclus avec ceux de la protéine β-amyloïde
et de la neurodégénérescence ou des lésions
neuronales ; afin de mieux caractériser les profils pathologiques hétérogènes
dans la population. À la fois les profils pathologiques dépendant des dépôts
amyloïdes et ne dépendant pas des dépôts amyloïdes peuvent être indentifiés
dans cette population restée exempte de troubles cognitifs. Prof Clifford R Jack Jr,
MD, et al, dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première,
26 avril 2017
Financement : Institut National de Recherche sur le
Vieillissement (dépendant du l’Institut National de la Santé des États-Unis),
Famille Alexander, Bourse de Recherche Professorale sur la Maladie d’Alzheimer,
la Clinique Mayo, Fondation GHR
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