Stand de campagne "octobre rose" de lutte contre le cancer du sein. Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2016-10-08_18-10-16_octobre-rose-belfort.jpg |
Chez les modèles animaux, la résistance à une
administration de letrozole en continu peut être inversée par le retrait, puis
la réintroduction de l’administration de letrozole. Nous avons donc émis l’hypothèse
selon laquelle une utilisation prolongée du letrozole en adjuvant par
intermittence pourrait améliorer les résultats chez les femmes atteintes par le
cancer du sein en comparaison de l’utilisation du letrozole en continu chez les
femmes postménopausées.
Nous avons réalisé l’étude multicentrique de phase
3 randomisée en ouvert en groupes parallèles SOLE dans 240 centres (…) situés
dans 22 pays. Nous avons recruté des femmes postménopausées de tous âges,
atteintes de cancer du sein opérable, positif aux récepteurs hormonaux et
dont les ganglions contenaient des cellules cancéreuses ; qui avaient déjà
subi un traitement local (chirurgie avec ou sans radiothérapie) et avaient terminé
une thérapie endocrine adjuvante sur 4-6 ans. Les patientes devaient être
exemptes de cancer du sein sur le plan clinique au recrutement ; et, de
plus, ne devaient pas présenter d'évidence de maladie récurrente avant la randomisation, quel qu’en
soit son calendrier.
Nous avons réparti les femmes (1:1) de manière aléatoire
aux groupes de traitement : administration de letrozole en continu (2.5
mg/jour per os pendant 5 ans) ou
administration intermittente de letrozole (2.5 mg/jour per os pendant 9 mois,
suivie d’une pause de 3 mois au cours des années 1-4 et puis 2.5 mg/jour au
cours des 12 mois de l’année 5). La randomisation était effectuée par les investigateurs
principaux ou leurs accesseurs dans les centres par le truchement d’un système
internet mis au point par Groupe d’Etude International du Cancer du Sein, et
stratifiée (…). Tous les intervenants de l’étude avaient accès au tableau de
randomisation. Le critère principal de l’étude était la survie sans récidive,
analysée sur population en intention de traiter (..). Cette étude (…). Est toujours
en cours.
Entre le 5 décembre 2007, et le 8 octobre 2012, 4 884
femmes ont été recrutées et randomisées après exclusion des patients non
conformes à l’inclusion (…). 4 851 femmes ont ainsi constitué la
population en intention de traiter de comparaison d’administration étendue de
letrozole par intermittence (n=2 425) avec l’administration de letrozole
en continu (n=2 426). Après une période médiane de suivi de 60 mois,
(Intervalle Interquartile [IQR] 53-72), la survie sans récidive était de 85.8%
(Intervalle de Confiance [IC] 95% 84.2-87.2) dans le groupe d’administration du
letrozole par intermittence en comparaison du taux de survie sans récidive de
87.5% (86.0-88.8) dans le groupe administration du letrozole en continu (hazard
ratio [HR] 1.08, IC 95% 0.93-1.26 ; p=0.31). Les évènements indésirables
rapportés (…) étaient similaires dans les deux groupes. (…). Les évènements indésirables
de grade 3-5 les plus communément rapportés étaient hypertension (584 [24%]
patientes sur 2 417 du groupe letrozole par intermittence versus 151 [6%]). 54 patientes (24 [1%]
du groupe administration du letrozole par intermittence et 30 [1%] patientes du
groupe administration du letrozole en continu) ont présenté des ischémies
cérébrovasculaires du SNC de grade 3-5, 16 (neuf [<1%] versus sept [<1%] présentaient des hémorragies du SNC, et 40 (19
[1%] versus 21 [1%]) présentaient des
ischémies cardiaques de grade 3-5. Au total, 23 (<1%) patientes sur 4 851
sont décédées sous traitement (13 [1%] patientes sur les 2 417 sous
letrozole par intermittence versus
dix [1%] patientes sur 2 411 du groupe administration du letrozole en
continu).
Chez les femmes ménopausées atteintes de cancer du
sein positif aux récepteurs hormonaux, l’utilisation prolongée du letrozole par
intermittence n’a pas amélioré la survie sans récidive en comparaison de l’administration
du letrozole en continu. Un calendrier alternatif de la thérapie endocrine
adjuvante avec le letrozole, incluant son administration par intermittence,
pourrait être envisagée; les résultats de l’étude SOLE soutenant sur le
plan de l’innocuité ces interruptions temporaires de traitement chez des
patientes sélectionnées. Marcello Colleoni, MD, et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant-première, 17 novembre 2017
Financement :
Novartis et Groupe d’Etude International du Cancer du Sein
Source :
The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ