La maladie coronarienne stable est une cause
majeure de morbidité et de mortalité dans le monde; elle est la conséquence
d’événements thrombotiques aigus impliquant l’activation des plaquettes et des
protéines de la coagulation. Les inhibiteurs du Facteur Xa et l’aspirine
permettent de réduire les événements thrombotiques, ils n’ont toutefois pas été
testés en combinaison ou l’un contre l’autre chez des patients atteints de
maladie coronarienne stable.
Dans cet essai multicentrique, en double-aveugle,
contrôlé par placebo, effectué chez des patients en ambulatoire atteints de
maladie coronarienne stable ou de maladie artérielle périphérique, ont été
recrutés dans 602 hôpitaux, cliniques, ou centres communautaires dans 33 pays. Cet
article est un compte rendu de résultats obtenus chez des patients atteints de
maladie coronarienne. Les patients éligibles, atteints de maladie coronarienne
devaient avoir eu un infarctus du myocarde au cours des 20 dernières années, une
maladie coronaire atteignant plusieurs vaisseaux, un historique d’angine de poitrine
stable ou instable, subi une des interventions coronaires percutanées sur
plusieurs vaisseaux, ou une chirurgie de pontage aortocoronarien sur plusieurs
coronaires.
À la suite d’une période de rodage de 30 jours, les patients
étaient répartis de manière aléatoire (1:1:1) pour recevoir rivaroxaban (2.5
mg per os deux fois par jour) + aspirine (100 mg une fois par jour), ou
rivaroxaban seul (5 mg per os deux fois par jour), ou l’aspirine seule (100 mg
per os une fois par jour). La randomisation était générée par ordinateur.
Chaque traitement était administré en double-aveugle ; ni les patients, ni
les investigateurs, ni le personnel sur site de l’étude n’avaient accès au
tableau de randomisation. Le résultat principal de l’essai COMPASS était la
survenue d’infarctus du myocarde, AVC, ou de mort cardiovasculaire. Le
recrutement de patients pour cet essai est désormais clos. (…).
Entre le 12 mars 2013, et le 12 mai 2016, 27 395
patients ont été recrutés dans l’essai COMPASS ; 24 824 d’entre eux
étaient atteints de maladie coronarienne stable, ils provenaient de 558
centres. La combinaison de rivaroxaban + aspirine a diminué la fréquence des
événements cardiovasculaires [infarctus du myocarde, AVC, mort
cardiovasculaire] de manière plus importante que l’aspirine seule (347 [4%] sur
8 313 versus 460 [6%] sur
8 261 ; Hazard ratio [HR] 0.74, Intervalle de Confiance [IC] 95%
0.65-0.86, p<0.0001). En
revanche, le traitement avec le rivaroxaban seul n’a pas amélioré le critère
principal lorsque comparé avec le traitement avec l’aspirine seule (411 [5%]
sur 8 250 versus 460 [6%] sur
8 261, HR 0.89 ; IC 95% 0.78-1.02, p=0.094). Le traitement combiné rivaroxaban + aspirine a eu pour
résultat des hémorragies plus importantes que le traitement sous aspirine seule
(263 [3%] sur 8 313 versus 158 [2%] sur 8 261 ; HR 1.66, IC 95%
1.37-2.03, p<0.0001) ; de la
même façon, de plus fréquentes hémorragies étaient relevées dans le groupe
rivaroxaban seul que dans le groupe aspirine seule (236 [3%] sur 8 250
versus 158 [2%] sur 8 261 ; HR 1.51, IC 95% 1.23-1.84, p<0.0001). Le site le plus
fréquemment affecté par les hémorragies était le système digestif (estomac +
intestin), ces dernières survenant à ce niveau chez 130 [2%] patients recevant
la combinaison rivaroxaban + aspirine, et chez 84 [1%] patients recevant le
rivaroxaban seul, et chez 61 [%] patients recevant l’aspirine seule. La
combinaison rivaroxaban + aspirine a réduit la mortalité quand comparé à
l’effet de l’aspirine seule (262 [3%] sur 8 313 versus 339 [4%] sur
8 261 ; HR 0.77, IC 95% 0.65-0.90, p=0.0012).
Chez les patients atteints de maladie coronarienne
stable, l’adjonction de rivaroxaban à l’aspirine a diminué la fréquence des
événements vasculaires majeurs, mais a augmenté la fréquence des hémorragies
majeures. Aucune augmentation significative d’hémorragie intracrânienne ou
d’autre hémorragie d’organe critique n’a été observée. On a relevé un bénéfice
net en faveur du traitement rivaroxaban + aspirine et la mortalité en a été
réduite de 23%. Ainsi, l’adjonction du rivaroxaban à l’aspirine a le potentiel
de réduire substantiellement la morbidité et la mortalité due aux maladies
coronariennes dans le monde. Prof Stuart J Connolly, MD, et al, dans The
Lancet, publication en ligne en avant-première, 10 novembre 2017
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