Salmonella enterica typhimurium Source iconographique: https://tr.wikipedia.org/wiki/Salmonella_enterica |
L’ampicilline, la première pénicilline semi-synthétique
contre les Entérobactéries, a été mise sur le marché en 1961. Les premiers
foyers de maladie causés par des souches de Salmonella
enterica de sérotype Typhimurium résistantes à l’ampicilline ont été
identifiés au Royaume Uni dès 1962 et 1964. Notre but était de dater l’apparition
de cette résistance sur des isolats historiques de S enterica de sérotype Typhimurium.
Dans cette étude rétrospective de séquençage sur
génome entier, nous avons analysé 288 isolats de S enterica de sérotype Typhimurium recueillis entre 1911 et 1969
dans 31 pays situés dans quatre continents, provenant de sources variées
comprenant notamment êtres humains, animaux, aliments et nourriture. Tous les
isolats ont été testés pour leur sensibilité aux médicaments antimicrobiens par
antibiogramme de diffusion à l’aide de la méthode des disques, et les isolats
présentant une résistance à l’ampicilline ont été soumis à des expériences de
transfert de résistance. Afin de fournir des éclairages pour ce qui est de la
structure et des mécanismes de résistance à l’ampicilline, nous avons effectué
des séquençages sur génome entier sur un échantillon de 225 isolats, sélectionnés
de manière à maximiser la diversité de leur origine géographique,
spatiotemporelle et génétique.
11 (4%) isolats sur 288 étaient résistants à l’ampicilline
du fait de l’acquisition de plusieurs gènes de la β lactamase, blaTEM-1
inclus ; portés par divers plasmides, plasmide de virulance de S enterica de sérotype Typhimurium
inclus. Ces 11 isolats provenaient de trois groupes phylogénomiques. Un isolat
produisant de la β lactamase TEM-1 était isolé en France en 1959 et deux
isolats produisant de la β lactamase TEM-1 était isolé en Tunisie en 1960, avant que l’ampicilline
ne soit mise sur le marché. Les vecteurs de la résistance à l’ampicilline
étaient différents de ceux rapportés concernant les souches responsables de
foyers de maladie au Royaume-Uni dans les années 1960.
L’association entre utilisation d’antibiotiques et
déterminants de résistance n’est pas aussi directe que ce que l’on pouvait en
penser. Nos résultats suggèrent que l’utilisation de pénicillines à spectre
étroit (par exemple la benzylpénicilline) pourrait avoir eu comme effet de favoriser
la diffusion de plasmides porteurs du gène blaTEM-1 chez S enterica de sérotype Typhimurium à la
fin des années 1950. Alicia Tran-Dien, MSc, et al, dans The Lancet Infectious
Diseases, publication en ligne en avant-première, 29 novembre 2017
Financement : Institut Pasteur,
Santé publique France, Programme d’Investissements d'Avenir du Commissariat
Général à l’Investissement (France), Fondation Le Roch-Les Mousquetaires.