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lundi 11 décembre 2017

#thelancetchild&adolescenthealth #femmeenceinte #retarddecroissancefoetale #sildenafil Sildenafil administré à la femme enceinte pour retard de croissance fœtale intra-utérin (STRIDER) : essai multicentrique, randomisé, en double aveugle contrôlé par placebo

Tomographie par contraste de phase d'une grossesse de 37 semaines.
Source: https://en.wikipedia.org/wiki/Medical_imaging_in_pregnancy
Un retard de croissance fœtale intra-utérin peut mener à toute une série d’issues indésirables, incluant la mort fœtale ou néonatale, un handicap neurologique, et des risques à vie sur la santé de l’enfant affecté. Le sildenafil, un inhibiteur de la phosphodiesterase de type 5, potentialise les effets de l’oxyde nitrique, ce qui conduit à une vasodilatation des vaisseaux utérins et qui pourrait améliorer la croissance fœtale in utero.

Nous avons réalisé cet essai de supériorité, randomisé et contrôlé par placebo dans 19 unités de médecine foeto-maternelle au Royaume-Uni. Nous avons utilisé un logiciel de répartition par ordinateur (1:1) pour affecter les femmes avec une grossesse monofoetale entre 22 semaines et 0 jours de gestation et 29 semaines et 6 jours de gestation, présentant un retard sévère de croissance fœtale intra-utérin; pour recevoir soit le sildenafil 25 mg trois fois par jour ou le placebo jusqu’à 32 semaines et 0 jours de gestation ou jusqu’à l’accouchement. Nous avons stratifié les femmes par site et par âge gestationnel au moment de la randomisation (avant la semaine 26 et 0 jour ou à la semaine 26 et 0 jour). Nous avons défini le retard de croissance fœtale intra-utérin comme la combinaison du poids fœtal exprimé ou la circonférence abdominale inférieure au 10ème percentile et d’un flux sanguin absent ou inversé en fin de diastole dans l’artère ombilicale selon la vélocimétrie mesurée par Doppler. Le critère d’évaluation principal était la période de temps écoulée entre la randomisation et l’accouchement. (…).

Entre le 21 novembre 2014 et le 6 juillet 2016, nous avons recruté 135 femmes et avons réparti de manière aléatoire 70 femmes pour recevoir le sildenafil et 65 femmes pour recevoir le placebo. Nous n’avons trouvé aucune différence d’intervalle de temps médian entre la randomisation et l’accouchement chez les femmes aléatoirement désignées pour recevoir le sildenafil (17 jours [Intervalle Interquartile IQR 7-24] ) et les femmes aléatoirement désignées pour recevoir le placebo (18 jours [8-28] ; p=0.23). Les naissances vivantes (Risque Relatif [RR] 1.06, Intervalle de Confiance [IC] 95% de 0.84 à 1.33 ; p=0.62), les morts fœtales (0.89, de 0.54 à 1.45 ; p=0.64), les morts néonatales (1.33, de 0.54 à 3.28 ; p=0.53), et le poids à la naissance (-14g, de -100 à 126 ; p=0.81) n’ont pas différé entre les groupes. Par ailleurs, aucune différence intergroupe n’était décelée pour aucun autre critère d’évaluation secondaire. Huit événements indésirables graves ont été rapportés au cours de l’étude (six dans le groupe placebo et deux dans le groupe sildenafil) ; aucun de ces événements n’a été imputable au sildenafil.

Le sildenafil n’a ni prolongé la période de grossesse, ni amélioré les résultats de grossesse dans les cas de retard de croissance fœtale intra-utérin précoce ; ainsi, s'il ne doit par conséquent pas être prescrit à visée thérapeutique, on peut toutefois poursuivre des études sur le sildenafil dans un cadre de recherche clinique avec le consentement explicite des participants. Andrew Sharp, PhD, et al, dans The Lancet Child & Adolescent Health, publication en ligne en avant-première, 6 décembre 2017

Financement : National Institute of Health Research et Medical Research Council

Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ