En 1823 déjà, on s'intéressait à la propagation de la fièvre jaune. Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:PIERRE_LEFORT |
Les cas de fièvre jaune sont sous-déclarés et la
distribution territoriale exacte de cette maladie dans le monde reste inconnue.
Il existe un vaccin efficace, mais des informations supplémentaires sont
nécessaires concernant les populations dans les zones à risque devrant être
ciblées pour la mise en place d’interventions. De fortes poussées de cas de fièvre
jaune relevées en Angola, République Démocratique du Congo, et au Brésil,
couplées à une forte expansion de son vecteur en zone urbanisée, Aedes aegypti, suggèrent que la fièvre
jaune a tendance à s’étendre sur la plan mondial. Le but de cette étude était
de d’estimer la répartition actuelle et le potentiel d’extension vers des zones
nouvelles afin de mieux orienter les stratégies de contrôle et de prévention.
Nous avons réuni 1 155 signalements
géographiques d’infection par le virus de la fièvre jaune dans les populations
humaines de 1970 à 2016. Nous avons appliqué un modèle de régression de Poisson
incorporant explicitement les covariables environnementales et biologiques explicatives,
la couverture vaccinale et la variabilité spatiale de risque prédictif relatif
d’infection apparente par le virus de la fièvre jaune ; à une résolution de
5 km x 5 km à travers toutes les zones à risque (47 pays situés en Amérique et
en Afrique) pour nos analyses. Nous avons aussi utilisé un modèle ajusté pour
prédire la réceptivité humaine au virus dans les zones non-à-risque, pour ce
qui est de l’installation ou de la réinstallation de la transmission de la
fièvre jaune. À l’aide d’estimations précédemment publiées du nombre de cas annuellement
relevés sur le plan national, nous avons utilisé ce modèle pour cartographier la
variation infra-nationale de l’incidence de la fièvre jaune dans les pays à
risque et pour estimer le nombre de cas de fièvre jaune évités par la
vaccination, au niveau mondial.
Des variations substantielles existent, au niveau
international comme au niveau infra-national, pour ce qui est du risque relatif
et d’incidence de la fièvre jaune et pour ce qui est de la variation d’efficacité
de la vaccination pour ce qui est de réduire l’incidence de la maladie dans
plusieurs régions à haut risque comme le Brésil, le Cameroun et le Togo. Les
zones présentant la prédiction du plus grand nombre de cas annuels incluent la
plus grande partie du Nigéria, la République Démocratique du Congo, et le sud
du Soudan, où la couverture vaccinale était estimée inférieure au seuil
recommandé permettant d’éviter les poussées. Dans l’ensemble, nous avons estimé
que les niveaux de couverture vaccinale atteints en 2016 ont évité entre 94 336
et 118 500 cas annuels de fièvre jaune dans les zones à risque, sur la
base de scénarios de vaccination prudents d’une part et de scénarios de
vaccination optimistes d’autre part. Les zones présentant une haute réceptivité
à la transmission de la fièvre jaune (par exemple certaines régions de
Malaisie, d’Indonésie et de Thaïlande), ne faisant pas partie des régions à
risque, étaient moins étendues que la distribution de son principal vecteur
urbain, A aegypti, avec une faible
réceptivité humaine à la transmission de la fièvre jaune en Chine du Sud
notamment, où A aegypti est présent.
Nos résultats fournissent une base d’évidence pour
le ciblage des campagnes de vaccination dans les zones à risque, ainsi que pour
l’amplification de son efficacité, déjà manifeste. Notre étude met en exergue
les zones où les autorités de santé publique devraient accroître de vigilance
pour ce qui est des potentielles poussées ou d’importation de la maladie. Freya
M Sheraer, BSc, et al, dans The Lancet Global Health, publication en ligne en
avant-première, 18 janvier 2018
Financement : Fondation Bill et Melinda Gates