Lymphome d'un type non précisé. Source: https://www.flickr.com/photos/pulmonary_pathology/4867142040 |
Les patients atteints de lymphome récidivant ou réfractaire
ou de leucémie lymphoïde chronique présentent un mauvais pronostic. Les thérapies
ciblant plus d’un isoforme de PI3K, ou de mTOR, pourraient présenter une activité
antitumorale augmentée. Notre but était de poursuivre des investigations sur l’efficacité
et l’innocuité du voxtalisib (aussi connu sous l’appellation XL765 ou SAR245409),
un inhibiteur à large spectre PI3K/mTOR, chez des patients atteints de lymphome
récidivant ou réfractaire, ou de leucémie lymphoïde chronique/lymphome lymphocytaire
à petites cellules.
Nous avons réalisé un essai de phase 2 en ouvert et
non randomisé, dans 30 cliniques d’oncologie situées aux USA, en Belgique, Allemagne,
France, aux Pays Bas, et en Australie. Les patients âgés d’au moins 18 ans,
présentant un statut de rendement ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group) de
2 ou moins, atteints de lymphome du manteau, de lymphome folliculaire, de lymphome
diffus à grandes cellules B récidivants ou réfractaires, ou une leucémie lymphoïde
chronique/lymphome lymphocytaire à petites cellules, ont été recrutés et traités
par administration de voxtalisib 50 mg per os deux fois par jour au cours d’un cycle continu
de 28 jours jusqu’à progression de la maladie ou toxicité non tolérable. Le
critère principal était la proportion de patients obtenant une réponse globale au
traitement - définie comme réponse complète ou comme réponse partielle -, dans
chaque cohorte composée de patients souffrant d’une pathologie donnée, prise
individuellement. Tous les patients qui avaient reçu le traitement pendant plus
de 4 semaines et dont le statut tumoral était évalué au début de l’essai (ligne
de base) et au moins une fois (après évaluation à la ligne de base) au cours de
l’essai ont été pris en considération pour analyse d’efficacité ; tous les
patients ont été pris en considération pour l’analyse d’innocuité. Cette étude
est maintenant terminée. (…).
Entre le 19 octobre 2011 et le 24 juillet 2013, 167
patients ont été recrutés (42 étaient atteints de lymphome du manteau, 47 de
lymphome folliculaire, 42 de lymphome diffus à grandes cellules B, et 36 de
leucémie lymphoïde chronique/lymphome lymphocytaire à petites cellules. Le
nombre médian de traitements anticancéreux subis au préalable était de trois
(Intervalle Interquartile [IQR] 2-4) chez les patients atteints de lymphome et
de quatre (2-5) chez les patients atteints de leucémie lymphoïde chronique/lymphome
lymphocytaire à petites cellules.
Sur les 164 patients évaluables sur le plan de l’efficacité
du traitement, 30 (18.3%) ont obtenu une réponse globale (partielle, n=22 ;
complète, n=8) ; dont 19 (41.3%) patients sur les 46 atteints de lymphome
folliculaire, cinq (11.9%) patients sur les 42 atteints de lymphome du manteau,
deux patients (4.9%) sur les 41 atteints de lymphome diffus à grandes cellules
B, et quatre patients (11.4%) sur les 35
atteints de leucémie lymphoïde chronique/lymphome lymphocytaire à petites
cellules.
Le profil d’innocuité était conforme à celui observé
dans de précédentes études sur le voxtalisib. Les événements indésirables les
plus fréquemment rapportés étaient diarrhée (chez 59 [35%] patients sur 167),
fatigue (chez 53 [32%]), nausée (chez 45 [27%]), pyrexie (chez 44 [26%]), toux (chez 40 [24%]), et appétit
diminué (chez 35 [21%]). Les événements indésirables de grade 3 et plus le plus
fréquemment rapportés étaient anémie (chez 20 [12%] patients sur 167),
pneumonie (chez 14 [8%]) et thrombocytopénie (chez 13 [8%]). Des événements
indésirables graves sont survenus chez 97 (58.7%) patients sur 167.
Le voxtalisib 50 mg administré per os deux fois par
jour a présenté un profil d’innocuité acceptable, accompagné d’une efficacité
prometteuse chez les patients atteints de lymphome folliculaire ; toutefois,
l’efficacité était limitée chez les patients atteints de lymphome du manteau,
de lymphome diffus à grandes cellules B, ou de leucémie lymphoïde chronique/lymphome
lymphocytaire à petites cellules. Jennifer R Brown, MD, et al, dans The Lancet
Haematology, publication en ligne en avant-première, 14 mars 2018
Financement : Sanofi
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ