Le niveau résiduel de réplication virale survenant
chez des sujets infectés par le virus du VIH et placés sous thérapie
antirétrovirale (ART) reste obscure ; ainsi, la question est de savoir si
un niveau résiduel de réplication reste une barrière dans la guérison d’une
infection au VIH, elle aussi, inconnue. Notre but était d’établir si
l’intensification d’une ART à base de dolutegravir révélerait ou affecterait la
réplication résiduelle chez des sujets atteints d’infection par le VIH sous
traitement suppresseur.
Dans cet essai randomisé en double-aveugle,
contrôlé par placebo, nous avons recruté des adultes atteints d’infection par
le VIH (âgés de 18 ans et plus) recevant une traitement combiné ART (composé
d’au moins trois agents) depuis au moins trois ans ; ces patients étaient
tous suivis par l’Hôpital Alfred et le Centre de Santé Sexuelle de Melbourne, en
Australie. Les patients éligibles devaient présenter un niveau d’ARN du VIH-1 inférieur
50 copies par mL de plasma depuis plus de 3 ans et un niveau d’ARN du VIH-1 inférieur
20 copies par mL à la sélection, ainsi que deux comptages de CD4 plus élevés
que 350 cellules par μL au cours des 24 mois précédent cette étude, sélection
incluse.
Les patients ont été tirés au sort de manière
aléatoire (1:1) pour recevoir 50 mg de dolutegravir per os ou le placebo une
fois par jour pendant 56 jours, en plus du traitement de fond ART. Le suivi
était réalisé aux jours 1, 3, 5, 7, 14, 28, 56, et 84. Le critère principal
était le changement de fréquence des séquences longues terminales répétées - 2 (2-LTR)
à partir de la ligne de base dans les
cellules CD4 du sang périphérique au jour 7. (…).
Entre le 21 septembre 2015 et le 19 septembre 2016,
46 sujets ont été sélectionnés pour inclusion. 40 étaient éligibles pour
inclusion et étaient tirés au sort pour rejoindre le groupe dolutegravir (n=21)
ou le groupe placebo (n=19). Tous les participants recrutés ont été compliants
pour ce qui est des procédures de l’étude, et aucun sujet n’a été perdu de vue.
Tous les participants étaient placés sous traitement ART suppresseur, ils
recevaient 12% d’inhibiteurs de protéases ainsi que d’autres inhibiteurs de la
transcriptase inverse nucléosidique. La moyenne de l’accroissement de la fréquence
des 2-LTR entre la ligne de base et le jour 7 était de -0.17 (Intervalle
Interquartile [IQR] de -0.90 à 0.90) dans le groupe dolutegravir et de -0.26
(de -1.00 à 1.17) dans le groupe placebo (p=0.17). L’addition de dolutegravir
aux régimes ART préexistants était sûre et il n’y a pas eu d’interruptions de
traitement ni d’événements indésirables graves liés aux traitements.
Nos résultats montrent que chez les sujets infectés
par le VIH sous régimes de traitement antirétroviral suppresseur modernes (ART),
le niveau de réplication résiduel est faible, si toutefois présent, et n’a pu être
détecté après intensification à base de dolutegravir. Du fait qu’aucune biopsie
de tissu n’a été effectuée, nous ne pouvons exclure la possibilité qu’une
réplication résiduelle de virus survienne dans les tissus. Des stratégies de
traitement autres que l’administration de la seule combinaison ART sont
nécessaires à l’éradication totale du VIH chez les sujets infectés. Thomas A
Rasmussen, MD, et al, dans The Lancet HIV, publication en ligne en
avant-première, 8 avril 2018
Financement : ViiV Healthcare
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ