Les traumatismes crâniens (TC) sont associés à un
risque augmenté de démence ; cependant, les études réalisées à grande
échelle avec suivi à long terme sont rares. Nous avons poursuivi des
investigations visant à définir l’association entre TC, sévérité et nombre de
TCs, et risque subséquent de démence à long terme.
Nous avons réalisé une étude observationnelle de
cohorte basée sur la population à l’échelle nationale au Danemark, à l’aide des
données provenant de citoyens répertoriés dans les registres nationaux. Nous
avons utilisé le Système de Registre d’État Civil Danois pour construire une
cohorte basée sur la population constituée de toutes les personnes nées au
Danemark, qui étaient domiciliées dans le pays au 1er janvier
1995, et qui atteignaient l’âge de 50 ans à un moment du suivi (entre 1999 et
2013). Nous avons obtenu de l’information sur les TCs à partir du Registre
National des Patients du Danemark (NPR) et obtenu des informations sur les
démences en combinant les données enregistrées dans le NPR, Le Registre Psychiatrique
National du Danemark, et le Registre National des Prescriptions du Danemark (DNPR).
Le risque à long terme de démence après TC a été établi, à l’aide d’une analyse
de survie. Nous avons fait usage de trois modèles préétablis pour chacune des
trois analyses : différentes périodes de temps depuis le TC, les TCs
multiples, et le sexe des patients. Le premier modèle était ajusté selon les
facteurs sociodémographiques, le deuxième modèle y ajoutait les comorbidités
médicales et neurologiques, et le troisième y ajoutait les comorbidités
psychiatriques.
Nous avons utilisé les données d’une cohorte de 2 784 852
personnes pour un total de 27 632 020 personnes-années (moyenne 9.89
années par patient) à risque de démence. 132 093 sujets (4.7%) avaient subi
au moins un TC au cours des années 1977-2013, et 126 734 (4.5%) ont
présenté une démence au cours des années 1999-2013. Le risque pleinement ajusté
de démence toutes causes confondues chez les personnes avec un historique de
TBI était plus élevé (hazard ratio [HR] 1.24, Intervalle de Confiance [IC]1.21-1.27)
que ceux sans historique de TC, de même que le risque spécifique de maladie d’Alzheimer
(1.16, 1.12-1.22). Le risque de démence était plus élevé dans les 6 mois
suivant un TC (HR 4.06, 3.79-4.34) ; il augmentait en fonction du nombre
de TCs (de 1.22, 1.19-1.25 chez un patient présentant un TC à 2.83, 2.14-3.75
avec cinq TCs ou plus). De plus, le TC en soi était associé à un risque plus
élevé de démence (1.29, 1.26-1.33) chez les sujets ayant subi un TC que chez
les sujets ayant eu une fracture osseuse non classable comme TC, n’impliquant ni
le crâne ni la colonne vertébrale. (…).
Les TCs étaient associés à un risque accru de
démence à la fois en comparaison des personnes sans historique de TC et des
personnes ayant subi un traumatisme non classable comme TC. Des efforts plus
importants dans la prévention des TCs et dans l’identification des stratégies
pour diminuer les risques et l’impact des démences qui en résultent sont nécessaires.
Prof Jesse R Fann, MD, et al, dans The Lancet Psychiatry, publication en ligne
en avant-première, 10 avril 2018
Financement : Fondation Lundbeck