L’estimation de la récidive chez les patients
atteints de cancer du colon doit être améliorée. Une quantification solide du
statut des biomarqueurs de l’immunité est nécessaire pour l’introduction de
paramètres relatifs à l’immunité dans la classification des cancers. Le but de
cette étude était d’évaluer la valeur pronostique du compte total des
lymphocytes T infiltrant la tumeur et le compte des lymphocytes T cytotoxiques
infiltrant la tumeur à l’aide de l’essai immunologique de consensus de mesure des
biomarqueurs de l’immunité, chez des patients atteints de cancer du côlon stade
I-III.
Un consortium international de 14 centres situés
dans 13 pays a évalué le statut des biomarqueurs de l’immunité chez des
patients atteints de cancer du côlon de stade I-III selon la classification
TNM, sous la houlette de la Society for Immunotherapy of Cancer. Les patients étaient répartis de manière aléatoire pour un essai pilote,
un essai de validation interne, et un essai de validation externe. Des échantillons
de tissu tumoral de colon étaient prélevés pour examen histologique sur lames
préparées selon la technique en paraffine et la marge d’invasion tumorale de
chaque patient a été mesurée par immunohistochimie, et les densités respectives
de lymphocytes T CD3+ et CD8+ cytotoxiques tumoraux et dans de la marge
d’invasion ont été quantifiées par pathologie numérique. Un statut des
biomarqueurs de l’immunité pour chaque patient a été extrapolé à partir des
moyennes de quatre mesures de probabilités. Le critère principal d’évaluation
était la valeur pronostique du statut des biomarqueurs de l’immunité pour ce
qui est de l’évaluation prospective de la période sans récidive, définie précisément par le temps écoulé entre la chirurgie et la récidive de la
maladie. Des modèles stratifiés d’analyse multivariée de Cox ont été utilisés pour
la mesure des associations entre le statut des biomarqueurs de l’immunité et
l’issue de la maladie, ajustés en fonction des potentiels facteurs de
confusion. (…).
Des échantillons de tissus prélevés chez 3539
patients ont été examinés, et les échantillons de tissus prélevés chez 2681
patients ont été inclus dans les analyses après contrôle de qualité. (700
patients pour l’essai pilote, 636 patients pour l’essai de validation interne,
et 1345 patients pour l’essai de validation externe). L’essai pour mesure de
statut des biomarqueurs de l’immunité a présenté un niveau élevé de
reproductibilité entre les observateurs et les centres (r=0.97 pour les tumeurs
du colon ; r=0.97 pour les marges d’invasion ; p<0.0001). Dans l’essai pilote, les patient au statut des
biomarqueurs de l’immunité élevé présentaient le risque le plus faible de
récidive à 5 ans (14 [8%] patients présentant un statut élevé des biomarqueurs
de l’immunité versus 65 (19%) patients présentant un statut de niveau
intermédiaire des biomarqueurs de l’immunité versus 51 (32%) patients
présentant un statut de faible niveau des biomarqueurs de l’immunité ;
hazard ratio [HR] pour score élevé versus score faible 0.20, Intervalle de
Confiance [IC] 95% 0.10-0.38 ; p<0.0001).
Les résultats ont été confirmés pour les deux essais de validation (n=1981).
Dans l’analyse stratifiée multivariée de Cox, l’association entre le statut des
biomarqueurs de l’immunité avec le temps de survenue de la récidive était
indépendant de l’âge du patient, de son sexe, du stade T, du stade N, de
l’instabilité microsatellite, et des facteurs de pronostic (p<0.0001). Des 1434 patients
atteints d’un cancer de stade II, la différence des risques de récidive à 5 ans
était significative (HR pour un score élevé des biomarqueurs de l’immunité versus un score faible des marqueurs de
l’immunité 0.33, IC 95% 0.21-0.52 ; p<0.0001),
y compris pour ce qui est de l’analyse multivariée de Cox (p<0.0001).
Le score des biomarqueurs de l’immunité présentait la contribution la plus élevée pour l'évaluation du risque de récidive par rapport à tous les autres paramètres cliniques, dont ceux du Comité Commun sur le Cancer des USA et le système de classification TNM de l’Union Internationale Contre le Cancer (UICC).
Le score des biomarqueurs de l’immunité présentait la contribution la plus élevée pour l'évaluation du risque de récidive par rapport à tous les autres paramètres cliniques, dont ceux du Comité Commun sur le Cancer des USA et le système de classification TNM de l’Union Internationale Contre le Cancer (UICC).
Le score des biomarqueurs de l’immunité fournit une
estimation fiable du risque de récidive chez les patients atteints de cancer du
côlon. Ces résultats encouragent à la mise en place d’un score de consensus des
biomarqueurs de l’immunité comme élément nouveau de classification TNM-immunité du
cancer. Prof Franck Pagès, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première,
10 mai 2018
Financement: French National
Institute of Health and Medical Research, the LabEx Immuno-oncology, the
Transcan ERAnet Immunoscore European project, Association pour la Recherche
contre le Cancer, CARPEM, AP-HP, Institut National du Cancer, Italian
Association for Cancer Research, national grants and the Society for
Immunotherapy of Cancer.
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ