De précédentes recherches précliniques ont montré
que les dispositifs médicaux extracorporels peuvent être utilisés pour
amplifier la libération et la distribution de médicaments anticancéreux administrés
de manière systématique, résultant ce faisant en une augmentation des
concentrations intratumorales en principes actifs. Notre but était d’évaluer l’innocuité
et la faisabilité d’une libération ciblée et d’une distribution augmentée de
doxorubicine dans les tumeurs solides à partir de liposomes thermosensibles,
déclenchée par hyperthermie modérée induite par des ultrasons ciblés par
ultrasons non invasifs.
Nous avons effectué un essai ouvert monocentrique de
phase 1 dans un unique centre hospitalier situé au Royaume – Uni. Des patients
adultes (âgés de 18 ans et plus) atteint de tumeurs hépatiques primaires ou secondaires
ne pouvant être réduites par résection ou ablation ; tous les sous-types
histologiques pouvaient être pris en considération pour cette étude. Les
patients ont reçu 50 mg/m2 par perfusion intraveineuse unique de
doxorubicine liposomale lyso-thermosensible (LTLD), suivi d'une exposition extracorporelle
ciblée d’une tumeur hépatique unique à des ultrasons. L’essai était effectué en
deux étapes : en phase I, il était effectué une implantation intratumorale
d’un dispositif de mesure thermométrique tumorale en temps réel chez les
patients, alors qu’en phase II, les patients évoluaient sans mesures
thermométriques, et nous avons utilisé un modèle de prédiction des paramètres d’exposition
optimale. Nous avons étudié les biopsies des tumeurs – pour ce qui est de leur
concentration en doxorubine et de la quantité de doxorubine reçue - obtenues
avant et après distribution ciblée de la doxorubicine par ultrasons. Le critère
principal d’évaluation de l’étude était le doublement de la concentration
intratumorale totale en doxorubicine chez les patients traités, sur la population
en intention de traiter. (…).
Entre le 13 mars 2015, et le 27 mars 2017, dix
patients ont été recrutés dans l’étude (six patients pour la phase I et quatre
pour la phase II), et ont reçu une dose de LTLD suivie d’une exposition à des
ultrasons. Le traitement a eu pour résultat une augmentation moyenne de 3.7
fois de la concentration en doxorubicine mesurée dans les biopsies
intratumorales, partant d’une estimation de 2.34 μg/g (Déviation Standard -DS-
0.93) immédiatement après perfusion du médicament, pour atteindre 8.56 μg/g
(5.6) après exposition ciblée aux ultrasons. Des augmentations de deux à dix
fois desdites concentrations ont été observées chez sept (70%) patients sur
dix, satisfaisant donc au critère principal d’évaluation de l’étude.
Les événements indésirables graves rapportés
étaient des neutropénies transitoires de grade 4 attendues chez cinq patients,
et une durée prolongée d’hospitalisation due à un trouble confusionnel de grade
1 chez un patient. Les événements indésirables de grade 3-4 enregistrés étaient
neutropénie (de grade 3 chez un patient et de grade 4 chez cinq patients), et
une anémie de grade 3 chez un patient. Aucun décès dû au traitement n’a été relevé.
Le traitement combiné LTLD + hyperthermie non
invasive induite par des ultrasons ciblés semble être cliniquement réalisable,
sûr, et de nature à amplifier la délivrance intratumorale de médicament, produisant
ainsi une réponse chimio-ablative ciblée sur des tumeurs hépatiques humaines
réfractaires à la chimiothérapie standard. Paul C Lyon, DPhil, et al, dans The
Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 9 juillet 2018
Financement :
Oxford Biomedical Research Centre, National Institute for Health Research
Source: The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
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