La question de savoir si une IRM multiparamétrée
améliore la détection des cancers de la prostate significatifs sur le plan
clinique et permet d’éviter d’avoir recours aux biopsies systématiques chez des
patients naïfs de biopsies reste ouverte. Notre but était de poursuivre des
investigations visant à déterminer si l'application de cette approche avant biopsie améliore ou non la
détection de cancers de la prostate significatifs sur le plan clinique chez des
patients naïfs de biopsie.
Dans cette étude prospective, multicentrique, de
diagnostic jumelé, effectuée dans 16 centres situés en France, nous avons
recruté des patients âgés de 18-75 ans présentant des concentrations d’antigène
spécifique de la prostate (PSA) de 20 ng/mL ou moins, atteints de cancer de la
prostate de stade T2c ou moins. Les patients éligibles avaient été adressés à
un cabinet d’Imagerie Diagnostique pour examen IRM multiparamétrée avant une première
campagne de biopsies, avec un intervalle planifié de moins de trois mois entre
l’IRM et les biopsies. Deux séries de biopsies ont été réalisées par patient ;
l’une à l’aveugle par un opérateur ne connaissant pas les résultats de l’IRM
multiparamétrée à l’avance qui a réalisé [12 prélèvements systématiques + un ou
deux prélèvement(s) ciblant les lésions hypoéchogènes] ; l’autre par un
opérateur ciblant jusqu’à deux lésions décelées par IRM, présentant un score de
Likert de 3 ou plus (3 prélèvements par lésion) (…).
Les patients présentant
une IRM paramétrée négative (score de Likert ≤ 2) n’étaient soumis qu’aux biopsies
systématiques. Le résultat principal de l’étude était la détection d’un cancer
de la prostate significatif sur le plan clinique (CPSPC ou cancer de la
prostate du groupe 2 ou plus), analysé chez tous les patients ayant été soumis
à la fois à des biopsies systématiques et à des biopsies ciblées et dont les
résultats étaient disponibles pour examen par le service central d’anatomie et
de cytologie pathologiques, y compris les patients chez qui des écarts au protocole étaient survenus. (…).
Entre le 15 juillet 2015 et le 11 août 2016, nous
avons recruté 275 patients. 24 (9%) ont été exclus de l’analyse.
53 (21%) patients
analysés sur 251 présentaient une IRM multiparamétrée négative (Score de Likert
≤
2).
Un CPSPC était détecté chez 94 (37%) patients sur 251. 13 (14%) de ces 94
patients ont été diagnostiqués d’un cancer de la prostate par biopsie systématique
seulement, 19 (20%) par biopsie ciblée seulement et 62 (66%) par les deux
techniques à la fois. La détection d’un CPSPC par biopsie systématique (29.9%,
Intervalle de Confiance [IC] 24.3-36.0) et par biopsie ciblée (32.3%, 26.5-38.4)
n’ont pas différé de manière significative (p=0.38). La détection d’un CPSPC
a été manquée chez 5.2% (IC 95% 2.8-8.7) des patients chez qui une biopsie
systématique n’avaient pas été réalisée, et chez 7.6% (4.6-11.6) des patients
chez qui une biopsie ciblée n’avaient pas été réalisée. Quatre évènements indésirables
post-biopsie de grade 3 ont été rapportés (3 cas de prostatite, et 1 cas de
rétention urinaire avec hématurie).
Aucune différence dans la détection de cancers de
la prostate du groupe 2 ou plus n’a été décelée entre examen par biopsie
systématique et examen par biopsie ciblée ; cependant, la détection d’un
CPSPC était améliorée par l’utilisation des deux techniques combinées, et les
deux techniques ont présenté chacune une valeur ajoutée significative. Ainsi, des
résultats d’examen d’IRM multiparamétrée avant biopsie chez des patients naïfs
de biopsie peut améliorer la détection d’un CPSPC mais ne semble pas éviter le
besoin de biopsie significative. Prof. Olivier Rouvière, MD, et al, dans The
Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 20 novembre 2018
Financement : Institut National du Cancer
(INCA), France
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
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