Les traitements actuels des personnes atteintes
d’infections par le VIH présentant une insuffisance rénale et placés sous hémodialyse,
sont le plus fréquemment composés de plusieurs médicaments à prise per os. Un
comprimé à prise quotidienne unique, coformulé elvitegravir, cobicistat,
emtricitabine, et tenofovir alafenamide
est approuvé en Europe, aux États-Unis, et dans d’autres régions du
monde pour administration chez les personnes infectées par le VIH-1, atteints
d’une maladie rénale chronique légère à modérée (clairance de la créatinine
30-69 mL/min).
Notre but était d’évaluer l’innocuité, l’efficacité et la
pharmacocinétique de ce régime de traitement chez des adultes infectés par le
VIH, atteints d’une maladie rénale en phase terminale et placés sous
hémodialyse chronique.
Nous avons réalisé en essai de phase 3b ouvert, à
simple bras, multicentrique, dans 26 centres de soins ambulatoires situés en Autriche,
France, Allemagne et aux États-Unis d’Amérique. Les participants étaient des adultes
infectés par le VIH-1, atteints d’une maladie rénale en phase terminale
(clairance de la créatinine < 15 mL/min), placé sous hémodialyse chronique depuis
au moins 6 mois précédant la sélection. Une suppression virologique (c’est-à-dire
un contenu en ARN de VIH-1 < 50 copies par mL) sous régime antirétroviral
stable devait être réalisée depuis les 6 derniers mois au moins précédant la
sélection, conditionnée par un comptage CD4 d’au moins 200 cellules par μL.
Tous les participants sont passés au traitement coformulé, composé d’elvitegravir
150 mg, cobicistat 150 mg, emtricitabine 200 mg, et tenofovir alafenamide 10 mg
une fois par jour, pris après l’hémodialyse sur une durée de 96 semaines au
maximum. Nous avons effectué des évaluations aux visites d’étude aux semaines
2, 4, 8, 12, 24, 36, et 48, et toutes les 12 semaines par la suite, sur une
période de temps n’excédant pas 96 semaines. Le critère principal était l’incidence
des événements indésirables de grade 3 ou plus, survenant au cours du
traitement, jusqu’à la semaine 48. Tous les participants qui avaient reçu au
moins une dose du médicament à l’étude étaient inclus dans l’analyse principale.
Le recrutement de patients est désormais clos pour cette étude.
Entre le 1er février et le 3 novembre
2016, 55 participants ont été recruté et ont reçu au moins une dose du
médicament à l’étude. Sur la période d’étude s’étendant jusqu’à la semaine 48, 18
participants sur 55 (33%, Intervalle de Confiance [IC] 95% 20-45) ont présenté
un événement indésirable grave de grade 3 ou plus au cours du traitement. Les
événements indésirables de grade 3 ou plus, survenant au cours du traitement et
relevés chez plus d’un participant incluaient anémie, ostéomyélite, intervalle
QT de l’électrocardiogramme prolongé, surcharge liquidienne, hyperkaliémie,
hypertension, et hypotension (pour chacun de ces événements, nombre de cas=2). Aucun
événement de grade 3 ou plus n’était attribuable au traitement. Trois participants
(5%, IC 95% 0-11) ont interrompu la prise de traitement du fait d’événements
indésirables ; l’un d’entre eux (prurit allergique de grade 1) était
considéré comme lié au traitement. Des événements indésirables liés au
traitement ont été rapportés chez six sujets (11%, IC 95% 3-19), le plus commun
d’entre eux étant nausée (chez quatre sujets [7%]) ; tous les événements
indésirables liés au traitement étaient de grade 1 ou de grade 2 en gravité.
À 48 semaines, le passage à un comprimé unique
contenant elvitegravir, cobicistat, emtricitabine, et tenofovir alafenamide
était bien toléré. Ce régime de traitement pourrait représenter une option
pratique et tolérable permettant de poursuivre le traitement contre une
infection au VIH-1 chez des adultes atteints d’une maladie rénale à un stade
terminal, placés sous hémodialyse chronique. Prof Joseph J Eron Jr, MD, et al,
dans The Lancet HIV, publication en ligne an avant-première, 14 décembre 2018,
Financement :
Gilead Sciences
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