Virus de l'hépatite C Source iconographique: https://medlineplus.gov/hepatitisc.html |
Bien que des antiviraux à action direct aient été
utilisés de manière intensive pour traiter des patients infectés chroniquement par
le virus de l’hépatite C (VHC), leur efficacité clinique n’a pas été
convenablement rapportée. Nous avons comparé l’incidence de décès, de carcinome
hépatocellulaire, et de cirrhose décompensée entre les patients traités par les
antiviraux à action directe, dans la cohorte Française ANRS CO22 Hepater.
Nous avons réalisé une étude prospective chez des
patients adultes atteints d’infection chronique par le VHC recrutés dans 32
centres d’expertise en pathologie hépatique situés en France. Nous avons exclu les
patients atteints d’hépatite B chronique, les patients présentant un historique
de cirrhose décompensée, de carcinome hépatocellulaire, de transplantation
hépatique, et les patients qui suivaient un traitement à base d’interféron-ribavirine
avec ou sans inhibiteurs des protéases de première génération. Les co-critères principaux
d’évaluation de l’étude étaient l’incidence de mortalité toutes causes
confondues, de carcinome hépatocellulaire, et de cirrhose décompensée. L’association
entre les antiviraux à action directe et ses résultats était quantifiée à l’aide
d’un modèle à risque proportionnel de Cox dépendant du temps. (…).
Entre le 6 août 2012, et le 31 décembre 2015, 10 166
patients étaient déclarés éligibles pour intégration dans cette étude. 9 895
(97%) patients étaient en possession d’un dossier de suivi convenablement renseigné
et étaient inclus dans les analyses. La période médiane de suivi s’est établie
à 33.4 mois (Intervalle Interquartile [IQR] 24.0-40.7).
Le traitement par
antiviraux à action directe a été instauré au cours de la période de suivi chez
7 344 patients alors que chez 2 551 patients, le traitement par
antiviraux à action directe n’avait pas été instauré comme indiqué par la
dernière visite de suivi.
Au cours du suivi, 218 patients sont décédés (129
étaient sous traitement, 89 n’étaient pas sous traitement), 258 ont rapporté un
carcinome hépatocellulaire (187 patients sous traitement, 71 chez les patients non
sous traitement), et 106 ont présenté une cirrhose décompensée (74 patients
sous traitement, 32 patients non sous traitement).
L’exposition aux antiviraux
à action directe était associée à un risque accru de carcinome hépatocellulaire
(hazard ratio non ajusté [HR] 2.77, Intervalle de Confiance [IC] 2.07-3.71) et
de cirrhose décompensée (3.83, 2.29-6.42).
Après ajustement par rapport aux
variables (âge, sexe, indice de masse corporelle, origine géographique, voie d’infection
possible, score de la fibrose, infection au VHC non préalablement traitée,
génotype du VHC, consommation d’alcool, diabète, hypertension artérielle, variables
biologiques, modèle de score de maladie hépatique en phase terminale chez les
patients atteints de cirrhose), l’exposition aux antiviraux à action directe était
associée à une diminution de la mortalité toute cause confondue (HR ajusté
0.48, IC 95% 0.33-0.70) et carcinome hépatocellulaire (0.66, 0.46-0.93), et n’était
pas associée à une cirrhose décompensée (1.14, 0.57-2.27).
Le traitement par antiviraux à action directe est
associée à un risque de mortalité et de carcinome hépatocellulaire réduit, et
devrait être pris en considération chez tous les patients atteints d’infection
chronique au VHC. Prof Fabrice Carrat, PhD, et al, dans The Lancet, publication
en ligne en avant-première, 11 février 2019
Financement : INSERM-ANRS
(France Recherche Nord & Sud Sida-HIV Hépatites), ANR (Agence Nationale de
la Recherche), DGS (Direction Générale de la Santé), MSD, Janssen, Gilead,
AbbVie, Bristol-Myers Squibb, and Roche.
Source : The Lancet Online / Traduction et
adaptation : NZ
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