Cancer de la prostate primaire s'étant propagé vers os (métastases) Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Diagram_showing_prostate_cancer_that_has_spread |
Dans l’essai
PROSPER randomisé, en double-aveugle, l’enzalutamide a amélioré de manière
significative la survie sans métastases chez les patients atteints de cancer de
la prostate non métastasé résistant à la castration. Ici, nous rendons compte
des résultats de cette étude, pour ce qui est des paramètres autoévalués rapportés par les patients.
Dans cet essai PROSPER
de phase 3 randomisé, en double-aveugle, contrôlé par placebo, réalisé dans 254
centres d’études situés dans le monde entier, des patients âgés de 18 ans ou
plus, atteints de cancer de la prostate résistant à la castration et présentant
un niveau d’antigène spécifique de la prostate (PSA) doublant sur une période
allant jusqu’à dix mois, ont été répartis de manière aléatoire (2:1) à l’aide d’un
système internet interactif de reconnaissance vocale, pour recevoir per os l'enzalutamide
(160 mg par jour) ou le placebo.
La randomisation était stratifiée en fonction
de la période à l’issue de laquelle le niveau de PSA avait doublé, et de l’utilisation
d’une molécule de ciblage de l’os à la ligne de base.
Le critère d’évaluation principal
de l’essai était la survie sans métastases, rapporté dans un autre compte
rendu.
Les critères d’efficacité secondaires, étant l’objet du présent article,
étaient la progression de la sensation de douleur (mesure réalisée à l’aide de
l’échelle du Brief Pain Inventory Report Short Form (questionnaire BPI-SF) et la
qualité de vie liée à la santé [(…) mesure réalisée à l’aide des questionnaires
EORTC QLQ-PR25, EQ-5D-FL, EQ-VAS, et FACT-P]. Les patients ont renseigné
lesdits questionnaires à la ligne de base, à la semaine 17, et toutes les 16
semaines par la suite jusqu’à interruption du traitement. Nous avons fait usage
de seuils prédéfinis pour l’identification des changements significatifs sur un
plan clinique. Le recrutement pour inclusion dans l’essai PROSPER est
maintenant terminé ; et le suivi se poursuit toujours, à l'heure actuelle (12 février 2019).
Entre le 26 novembre
2013 et le 28 juin 2017, 1 401 patients ont été recrutés et répartis ou
hasard dans les groupes: 933 patients ont été assignés au groupe
recevant l’enzalutamide (Groupe Enzalutamide) et 468 patients ont été assignés
au groupe recevant le placebo (Groupe Placebo). La période médiane de suivi
était de 18.5 mois (Intervalle Interquartile [IQR] 10.7-29.2) dans le groupe
enzalutamide et de 15.1 mois (7.4-25.9) dans le groupe placebo. Les mesures à
la ligne de base rapportées par les patients étaient similaires entre les deux
groupes.
Les changements, exprimés en estimation moyenne des moindres carrés de la ligne
de base à la semaine 97, étaient en faveur de l’enzalutamide versus placebo pour ce qui est du bien-être
social et du bien-être en famille (FACT-P) (0.30 [Intervalle de Confiance [IC]
95% de -0.25 à 0.85] versus -0.64 [de
-1.51 à 0.24] ; différence 0.94 [IC 95% de 0.02 à 1.85] ; p=0.045) et en défaveur de l’enzalutamide
versus placebo pour ce qui est des
symptômes liés au traitement hormonal, mesurés via le questionnaire EORTC QLQ-PR25
(1.55 [de 0.26 à 2.83] versus -1.83 [de
-3.86 à 0.20] ; différence 3.38 [de 1.24 à 5.51] ; p=0.0020) ; aucun de ces
changements était significatif sur le plan clinique. Aucune différence significative
n’était observée entre les traitements pour ce qui est des changements observés
à la semaine 97 par rapport à la ligne de base, concernant les résultats d’autres
mesures effectuées chez les patients.
La période de temps
s’écoulant jusqu’à progression significative de la douleur, évaluée par questionnaire
BPI-SF, était significativement plus longue sous enzalutamide que sous placebo
(médiane 36.83 mois, [IC 95% de 34.69 à valeur non atteinte (NA) versus NA. hazard ratio (HR) 0.75 [IC
95% de 0.57 à 0.97] ; p=0.028).
(…). La période de temps s’écoulant jusqu’à aggravation des symptômes significative
sur le plan clinique était plus longue sous enzalutamide que sous placebo pour
de qui est du questionnaire EORTC QLQ-PR25 - symptômes urinaires - (médiane
36.86 mois [IC 95% de 33.35 à NA] versus
25.86 [de 18.53 à 29.47] ; HR 0.58 [IC 95% de 0.46 à 0.72] ; p<0.0001) et symptômes intestinaux
(33.15 [de 29.50 à NA] versus
25.89 [de 18.43 à 29.67] ; 0.72 [de 0.59 à 0.89] ; p=0.0018); de même que pour ce qui est
de la qualité de vie liée à la santé évaluée par le score total réalisé au
questionnaire FACT-P (22.11 [de 18.36 à 25.86] versus 18.43 [de 14.85 à 19.35] ; 0.83 [de 0.69 à 0.99] ;
p=0.037), du bien être émotionnel
(36.73 [de 33.12 à 38.21] versus 29.47
[de 22.18 à 33.15] ; 0.69 [de 0.55 à 0.86] ; p=0.0008), et des sous-évaluations de l’évolution du cancer de la
prostate (18.43 [de 14.85 à 18.66] versus
14.69 [de 11.07 à 16.20] ; 0.79 [de 0.67 à 0.93] ; p=0.042), bien qu’aucune différence
significative n’ait été relevée pour ce qui est des autres scores FACT-P.
La période de temps
écoulé jusqu’à aggravation significative des symptômes liés au traitement
hormonal, selon le questionnaire EORTC QLQ-PR25 était plus courte sous enzalutamide
que sous placebo (médiane 33.15 mois [IC 95% de 29.60 à NA] versus 36.83 [de 29.47 à NA] ; HR
1.29 [IC de 1.02 à 1.63] ; p=0.035).
La période de temps
écoulé jusqu’à détérioration du score EQ-VAS était significativement plus longue
sous enzalutamide que sous placebo (médiane 22.11 mois [IC 95% de 18.46 à
25.66] versus 14.75 [de 11.07 à 18.17] ;
HR 0.75 [IC 95% de 0.63 à 0.90] ; p=0.0013).
Les patients
atteints de cancer de la prostate non métastasé résistant à la castration
recevant l’enzalutamide ont présententé une survie sans métastases plus longue par
rapport aux patients recevant le placebo, tout en maintenant un niveau faible de
sensation de douleur, de symptômes liés au cancer de la prostate et un niveau
élevé de qualité de la vie lié à la santé. L’enzalutamide a présenté un
bénéfice clinique en retardant la progression de la douleur, l’aggravation des
symptômes, et la diminution du status fonctionnel, par rapport au placebo. Ces
résultats suggèrent que l’enzalutamide représente une option de traitement qui
devrait être discutée avec les patients atteints de cancer de la prostate à
haut risque non métastasé et résistant à la castration. Prof. Bertrand Tombal,
MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 12
février 2019
Financement : Astellas Pharma Inc,
Medivation LLC (compagnie du groupe Pfizer)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire