Métastase hépatique d'une tumeur primaire colorectale Source iconographique et légendaire: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Carcinoid_Tumor,_Metastatic_to_Liver,_FNA_(1)_(2570637196).jpg |
Le trastuzumab duocarmazine est un nouveau conjugé
anticorps-médicament ciblant HER2 constitué de trastuzumab covalemment lié à un
médicament lieur comprenant de la duocarmycine. Des études précliniques ont montré
une activité antitumorale prometteuse dans des modèles variés. Dans une étude
réalisée pour la première fois chez l’homme, nous avons évalué l’innocuité et l’activité
du trastuzumab duocarmazine chez des patients atteints de tumeurs solides
avancées.
Nous avons réalisé une étude de phase 1 d’escalade
et d’expansion de dose. La cohorte d’escalade de dose comprenait des patients
âgés de 18 ans ou plus recrutés dans trois hôpitaux universitaires situés en Belgique,
au Pays-Bas, et au Royaume-Uni, atteints de tumeurs solides localement avancées
ou métastasées présentant un statut HER2 variable et qui étaient réfractaires
au traitement standard du cancer. Une cohorte distincte de patients ont été recrutés
dans la phase d’expansion de dose dans 15 hôpitaux situés en Belgique, au
Pays-Bas, en Espagne, et au Royaume-Uni. Les cohortes d’expansion de dose incluaient
des patients âgés de 18 ans ou plus atteints de cancer mammaire, gastrique, urothélial,
ou endométrial avec ou moins un examen d’immunohistochimie 1+ et chez qui la
pathologie était évaluable selon les critères RECIST. Le trastuzumab
duocarmazine était administré par voie intraveineuse au jour 1 de chaque cycle
de 3 semaines. Dans la phase d’escalade de dose, le trastuzumab duocarmazine était
administré aux doses s’échelonnant entre 0.3 mg/kg et 2.4 mg/kg (schéma
posologique 3 + 3) jusqu’à progression de la maladie ou toxicité intolérable. L’objectif
principal de la phase d’escalade de dose était d’évaluer l’innocuité et de déterminer
la dose recommandable en phase 2, qui pourrait être utilisée au cours de la
phase de dose d’expansion. L’objectif principal de la phase d’expansion de dose
était l’évaluation par l’investigateur de la proportion de patients obtenant
une réponse objective (réponse complète ou réponse partielle), selon les
critères RECIST version 1.1. Cette étude est toujours en cours (…).
Entre le 30 octobre 2014 et le 2 avril 2018, 39
patients ont été recrutés et traités dans la phase d’escalade de dose et 146
patients ont été recrutés et traités dans la phase d’expansion de dose. Un
effet toxique limitant la dose (décès d’une pneumonie) est survenu à la plus
forte dose administrée (2.4 mg /kg) au cours de la phase d’escalade. Un autre décès
est survenu au cours de la phase d’escalade de dose (cohorte 1.5 mg / kg) du fait
d’une progression de la maladie, attribuable au déclin physique général du
patient. Les événements indésirables de grade 3-4 liés au traitement rapportés
plus d’une fois au cours de la phase d’escalade de dose étaient kératite (n=3)
et fatigue (n=2). Sur la base des données disponibles, la dose recommandable en
phase 2 a été établie à 1.2 mg/kg. Au cours de la phase d’expansion de dose, des
évènements indésirables graves liés au traitement ont été rapportés chez 16
(11%) patients ; réactions liées à la perfusion (deux [1%]) et dyspnée
(deux [1%]) étant le plus fréquemment survenus. Les événements indésirables liés
au traitement le plus communément relevés (grades 1-4) étaient fatigue (48
[33%] patients sur 146), conjonctivite (45 [31%]), et sécheresse oculaire (45
[31%]). La plupart des patients (104 [71%] sur 146) ont présenté au moins un
évènement indésirable oculaire, avec des événements de grade 3 rapportés chez dix
(7%) patients sur 146. Aucun patient n’est décédé d’un événement indésirable lié
au traitement et quatre patients sont décédés du fait d’une progression de la
maladie, qui ont été imputés à une insuffisance hépatique (n=1), une hémorragie
du tractus gastrointestinal supérieur (n=1), une décompensation neurologique (n=1),
et une insuffisance rénale (n=1). Dans les cohortes d’expansion de dose de
patientes atteintes de cancer du sein, 16 (33%, Intervalle de Confiance [IC] 95%
20.4-48.4) des 48 patientes évaluables atteintes de cancer du sein HER2-positif ont présenté une réponse
objective (toutes des réponses partielles) selon RECIST. Neuf (28%, IC 95%
13.8-46.8) patientes sur 32, atteintes par un cancer du sein récepteurs hormonaux-positifs
à bas niveau de HER2 et six (40%, 16.3-67.6) patientes sur 15 atteintes de
cancer du sein récepteurs hormonaux-négatifs à bas niveau de HER2, ont obtenu
une réponse objective (toutes des réponses partielles). Des réponses partielles
ont été aussi observées chez un (6%, IC 95% 0.2-30.2) patient sur 16 atteints de
cancer gastrique, quatre (25%, 7.3-52.4) patients sur 16 atteints de cancer
urothélial, et cinq (39%, 13.9-68.4) patients sur 13 atteints de cancer
endométrial.
Le trastuzumab duocarmazine montre une activité
clinique notable chez des patients lourdement prétraités atteints de cancer
métastasé exprimant HER2, y compris ceux atteints de cancers HER2-positif résistant
au trastuzumab emtansine et cancer du sein à bas niveau de HER2, avec un profil
d’innocuité gérable. Une investigation plus poussée relative au trastuzumab
duocarmazine dans le cancer du sein HER2-positif est en cours et des essais sur le cancer du sein à bas
niveau de HER2 et d’autres cancers exprimant HER2 sont en préparation. Prof
Udai Banerji, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en
avant-première, 27 juin 2019
Financement : Synthon Biopharmceuticals
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire