Neurones du gyrus dentelé chez un sujet épileptique. (x40) Source: Wikipedia |
Le syndrome de Dravet est une forme rare d’encéphalopathie
épileptique et développementale résistante aux traitements, caractérisée par
des convulsions multiples, fréquentes, et invalidantes. Il a été rapporté que
la fenfluramine a une activité anticonvulsivante, montrée dans les études
observationnelles menées sur épilepsie photosensible et sur le syndrome de
Dravet. Le but de la présente étude était d’évaluer l’efficacité et l’innocuité
de la fenfluramine chez des patients atteints du syndrome de Dravet.
Dans cette étude clinique randomisée, en double aveugle,
contrôlée par placebo, nous avons recruté des enfants et des jeunes adultes
atteints par le syndrome de Dravet. À la suite d’une période d’observation
de 6 semaines permettant d’établir la ligne de base de la fréquence mensuelle des
convulsions épileptiques (MCSF) [comprenant toutes les formes des clonies évaluables
par les signes moteurs], les patients ont été répartis au hasard par un système
de réponse vocale par internet (1 :1 :1) pour recevoir le placebo, la
fenfluramine à raison de 0.2 mg/kg par jour, ou la fenfluramine à raison de 0.7
mg/kg par jour, additionnée aux agents antiépileptiques déjà mis en place,
pendant 14 jours. Le critère principal de l’étude était le changement en
fréquence moyenne des convulsions au cours de la période de traitement en
comparaison de la ligne de base dans le groupe 0.7 mg/kg par jour versus
placebo ; le changement de fréquence moyenne des convulsions dans le groupe
0.2 mg/kg par jour versus placebo étant pris en compte comme critère secondaire.
L’analyse a été effectuée dans la population en intention de traiter modifiée. Les
analyses d’innocuité incluaient tous les participants qui avaient reçu au moins
une dose de médicament à l’étude. (…).
Entre le 15 janvier 2016 et le 14 août 2017, nous
avons évalué 173 patients, dont 119 (âge moyen 9.0 ans, 64 [54%] de sexe
masculin) ont été répartis au hasard pour recevoir soit la fenfluramine 0.2
mg/kg par jour (39), la fenfluramine 0.7 mg/kg par jour (40) ou le placebo
(40). Au cours du traitement, la moyenne de réduction de la fréquence des
convulsions était de 74.9% dans le groupe fenfluramine 0.7 mg/kg par jour (…),
de 42.3% dans le groupe fenfluramine 0.2 mg/kg par jour (…), et de 19.2% dans
le groupe placebo (…). L’étude a atteint son objectif principal d’efficacité,
avec le groupe fenfluramine 0.7 mg/kg par jour présentant une diminution mensuelle
moyenne en MCSF de 62.3% supérieure à celle observée dans le groupe placebo
(Intervalle de Confiance [IC] 95% 47.7-72.8, p<0.0001) ; et le groupe fenfluramine 0.2 mg/kg par jour présentant
une diminution moyenne en MCSF de 32.4% supérieure à celle observée dans le
groupe placebo (IC 95% 6.2-52.3, p=0.0209).
Les événements indésirables les plus communément observés (survenant chez au
moins 10% des patients, et plus fréquemment dans les groupes fenfluramine) étaient
diminution de l’appétit, diarrhée, fatigue, léthargie, somnolence, et baisse de
poids. Les examens par électrocardiogramme ont révélé des fonctions des valvules cardiaques normales chez tous les patients au cours de l’essai, et aucun signe d’hypertension
artérielle pulmonaire n’a été détecté.
Dans le syndrome de Dravet, la fenfluramine a produit
une diminution significativement plus importante de fréquence des convulsions
en comparaison du placebo et était bien tolérée de manière générale, avec
notamment aucune maladie des valvules cardiaques ni d’hypertension artérielle pulmonaire
détectées. La fenfluramine pourrait donc représenter une nouvelle option de
traitement chez les patients atteints du syndrome de Dravet. Prof Lieven Lagae,
MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 17 décembre
2019
Financement :
Zogenix
Source :
The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
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