Distribution du sarcome d'Ewing. Il se rencontre le plus fréquemment au niveau des os longs et du bassin. Source iconographique et légendaire: https://en.wikipedia.org/wiki/Ewing%27s_sarcoma |
Les patients atteints d’un sarcome d’Ewing ou d’un
ostéosarcome présentent une médiane de survie globale inférieure à 12 mois
après le diagnostic, sans qu’une stratégie de traitement n’ait vraiment été trouvée à ce jour. L’inhibition pharmacologique de la signalisation MET ainsi
que de l’angiogénèse aberrante a montré quelques résultats prometteurs sur
plusieurs modèles précliniques du sarcome d’Ewing et d’ostéosarcome. Notre but
était de poursuivre des investigations sur l’activité de cabozantinib, un
inhibiteur de MET et de VEGFR2, chez des patients atteints d’un sarcome d’Ewing
avancé et d’ostéosarcome
Nous avons réalisé une étude multicentrique à
simple bras de phase 2, en deux étapes, chez des patients atteints d’un sarcome
d’Ewing ou d’un ostéosarcome recrutés dans dix centres du Groupe Sarcome
Français. Les critères d’éligibilité des sujets de l’étude étaient qu’ils
soient âgés de 12 ans et plus, qu’ils présent un indice de performance ECOG
(Eastern Cooperative Oncology Group) de 0-1, et un profil documenté de la
progression de leur maladie (selon les critères RECIST version 1.1). Le nombre
de précédentes lignes de traitement n’était pas limité. Les patients ont reçu
du cabozantinib (adultes 60 mg, enfants [ <16 ans ] 40 mg / m2] une
fois par jour per os, suivant des cycles de 28 jours jusqu’à progression de la
maladie, toxicité inacceptable, décision de sortie d’étude du patient par
l’investigateur, ou décision de sortie d’étude du patient par lui-même. Le
critère principal d’évaluation pour le sarcome d’Ewing était la meilleure
réponse objective à 6 mois suivant le début du traitement ; pour
l’ostéosarcome, un critère principal double de réponse objective à 6 mois et
une non-progression de la maladie au cours des 6 derniers mois étaient
évaluées. Tous les patients recrutés qui avaient reçu au moins une dose de
cabozantinib étaient inclus dans l’analyse d’innocuité, et tous les
participants qui avaient suivi au moins un cycle complet de traitement ou deux
cycles incomplets de traitement étaient inclus dans l’analyse dans la
population d’évaluation de l’efficacité. (…).
Entre le 16 avril 2015, et le 12 juillet 2018, 90
patients (45 atteints d’un sarcome d’Ewing, 45 atteints d’un ostéosarcome) ont
été recrutés pour l’étude. La médiane de survie était de 31.3 mois (Intervalle
de Confiance [IC] 12.4-35.4) pour les patients atteints d’un sarcome d’Ewing et
de 31.1 mois (24.4-31.7) pour les patients atteints d’un ostéosarcome. 39 (87%)
patients atteints d’un sarcome d’Ewing et 42 (93%) patients atteints d’un
ostéosarcome étaient jugés évaluables pour ce qui est de l’efficacité après
examen histologique et radiologique. Chez les patients atteints d’un sarcome d’Ewing,
dix (26% ; IC 95% 13-42) sur 39 ont présenté une réponse objective au
traitement (toutes réponses : partielles) à 6 mois ; chez les
patients atteints d’un ostéosarcome, cinq (12% ; 4-26) sur 42 ont présenté
une réponse objective au traitement (toutes réponses : partielles) et 14
(33% ; 20-50) ont présenté une non-progression de leur maladie pendant 6
mois. Les évènements indésirables de grade 3 ou 4 étaient hypophosphatémie
(cinq [11%] pour le sarcome d’Ewing, trois [7%] pour l’ostéosarcome), élévation
de l’aspartate aminotransférase (deux [4%] pour le sarcome d’Ewing, trois [7%]
pour l’ostéosarcome), syndrome main-pied (trois [7%] pour le sarcome d’Ewing,
deux [4%] pour l’ostéosarcome), pneumothorax (un [2%] pour le sarcome d’Ewing,
quatre [9%] pour l’ostéosarcome). Au moins un évènement indésirable grave a été
rapporté chez 61 (68%) des 90 patients. Aucun patient n’est décédé du fait d’effets
toxiques liés au médicament.
Le cabozantinib possède un activité antitumorale
chez les patients atteints d’un sarcome d’Ewing avancé et d’ostéosarcome ;
il était bien toléré d’une manière générale. Dans ce contexte, le cabozantinib
pourrait représenter une nouvelle option thérapeutique qui mérite des
investigations supplémentaires. Prof. Antoine Italiano, MD, et al, dans The
Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 17 février 2020
Financement : Institut Bergonié, Institut
National du Cancer, Association pour la Recherche contre le Cancer
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
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