La caractéristique histologique de la maladie de Parkinson réside dans la
présence d’agrégats intraneuronaux d’α-synucléine phosphorylée (αSyn). Chez des
patients atteints de la maladie de Parkinson, les dépôts de αSyn se retrouvent
dans les fibres nerveuses autonomes de la glande sous-mandibulaire. Du fait que
les patients atteints de trouble du sommeil à mouvements oculaires idiopathique
(TSMOI) peuvent développer une maladie de Parkinson ainsi que d’autres synucléinopathies,
nous avons poursuivi des investigations dans le but de savoir si les dépôts de αSyn
pouvaient aussi être détectés dans les fibres nerveuses sous-mandibulaires.
Nous avons effectué une étude cas-témoin à la Clinique Hospitalière de
Barcelone (Barcelone, Espagne) chez des patients atteints de TSMOI confirmée
par polysomnographie, chez des patients cliniquement atteints de la maladie de
Parkinson, et chez sujets de contrôle appariés par âge dans le groupe TSMOI. Les sujets
contrôle étaient soit sains, avaient subi une chirurgie du cou dans la
clinique, ou étaient des patients qui étaient décédés à la clinique et avaient
subi une autopsie. Nous avons effectué une biopsie par ponction transcutanée -à l'aide d'une aiguille- de la glande sous – mandibulaire avec guidage par ultrasons chez des
patients atteints de TSMOI ou maladie de Parkinson, ainsi que chez des sujets contrôles
sains, et sans guidage par ultrasons chez d’autres sujets contrôles. Nous avons
étudié la présence de αSyn par
immunohistochimie à l’aide d’un anticorps monoclonal antisérine phosphorylée
129, et analysé les variables quantitatives à l’aide d’un test de
Kruskall-Wallis et les variables qualitatives à l’aide d’un test exact de
Fischer.
Nous avons effectué notre étude entre le 16 juillet 2014 et le 16 mai 2015, recruté 21 patients atteints de TSMOI, 24 patients atteints de maladie de
Parkinson et 26 sujets de contrôle (sept sujets sains, 11 patients subissant
une chirurgie du cou, et huit autopsies). Nous avons obtenu des échantillons de
biopsie sous mandibulaire contenant du parenchyme glandulaire chez neuf (43%)
patients sur 21 patients atteints de TSMOI, chez 12 (50%) patients sur 24
patients atteints de maladie de Parkinson, et chez tous (100%) les 26 sujets de
contrôle.
Des agrégats de αSyn ont été dans
les fibres nerveuses du parenchyme glandulaire chez huit (89%) patients sur les
neuf patients atteints de TSMOI et huit (67%) patients sur les 12 atteints par
la maladie de Parkinson, mais aucun agrégat n’a été détecté chez les sujets de
contrôle.
Chez les sujets dont les biopsies ne contenaient pas de parenchyme
glandulaire, des dépôts de αSyn ont été
trouvés dans du tissu extraglandulaire chez trois (25%) patients
supplémentaires sur les 12 patients atteints de TSMOI et cinq (42%) des 12
patients atteints par la maladie de Parkinson. Aucun des sujets de contrôle n’a
montré d’immunoréactivité αSyn dans les
tissus extraglandulaires. Sur les 52 participants ayant subi une biopsie guidée
par échographie, 11 (21%) patients ont rapporté des douleurs locales faibles à
modérées, et neuf (17%) ont développé des hématomes sous-cutanés ;
cependant, ces évènements indésirables étaient transitoires et n’ont pas
nécessité de traitement.
Nos résultats suggèrent que chez les patients atteints de TSMOI, une
biopsie de la glande sous-mandibulaire et une procédure sûre pour la détection
d'agrégats de αSyn; la détection de αSyn
pourrait être utile à la confirmation histologique de sujets atteints de
maladie de Parkinson cliniquement diagnostiquée. Dolores Vilas, MD, et al, dans
The Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 30 mars 2016
Financement : Centre for
Networked Biomedical Research in Neurodegenerative Disorders (CIBERNED),
Barcelona, Spain.